Nous démarrons notre randonnée au fond du vallon d’Ampfersbach, au lieu-dit Saegmatt pour monter vers les cascades du Stolz Ablass.
Le nom provient de Stolz, ancien propriétaire et de Ablass qui signifie : vanne ou écluse, utilisée autrefois pour le flottage du bois. Les cascades du Stolz Ablass sont alimentées par le torrent de la Petite Fecht qui prend sa source au Frankenthal, entre les rochers de la Martinswand et les Trois-Fours avant de rejoindre la Grande Fecht à Munster. Son cours mesure 11 km ; elle traverse Stosswihr, Munster, elle a 11 affluents.
Un sentier pittoresque, étroit et très rocailleux, monte en lacets le long du torrent qui descend en cascades entre les rochers. Mais nous avons emprunté un chemin plus doux pour monter vers ces cascades à 760 m d’altitude ; nous avons un dénivelé d’environ 220 m. Là-haut, nous entrons dans la réserve naturelle du Frankenthal-Missheimlé.
Au-dessus des cascades se faufile le « Sentier des Mulets », déjà connu des marcaires qui l’empruntaient pour les transhumances. Il tire son nom de l’utilisation qui en a été faite durant la Première Guerre mondiale. Les soldats passaient par là pour transporter à dos de mulets le ravitaillement, les armes et les munitions sans être vu des lignes ennemis. Le passage était très étroit et d’autant plus éprouvant qu’en hiver 1914/1915 il y avait beaucoup de neige. On a fait venir des bataillons de chasseurs alpins plus habitués à ces conditions, puis il y a aussi eu des chiens de traîneaux.
Au fond du vallon, après l’ancienne auberge des cascades, qui n’existe plus, elle a brûlé, (une nouvelle maison a été construite à la place) nous verrons à notre droite, à l’entrée d’un chemin, un panneau qui annonce le passage de la ligne de chemin de fer à crémaillère. Ce chemin de fer fut construit à partir de 1902 et inauguré en grande pompe en mai 1907, alors que l’Alsace avait été annexée par la Prusse. C’était la plus haute voie ferrée de l’empire allemand. Cette ligne de tramway électrique reliait Munster au col de la Schlucht puis au Hohneck. Il fallait compter 1 heure de voyage, les arrêts étaient nombreux depuis Munster : Hohrod, Stosswihr, Ampfersbach, Roesselwasen, Schmelzenwasen, le dernier arrêt devant l’Hôtel Saegmatt à l’époque, avant de monter vers l’Altenberg. La Schlucht était à l’époque le poste frontière entre l’Empire allemand et la France. En été, 9 allers-retours étaient programmés.
Le service hivernal se limitait à la partie basse, entre Munster et Ampfersbach. Une des particularités de cette ligne était qu’elle combinait une partie du trajet en adhérence normale et une autre partie en crémaillère pour grimper jusqu’à la Schlucht, avec des pentes allant jusqu’à 22 %. Cette ligne ne fonctionna que jusqu’en 1914 où elle dut cesser son activité dès le début des hostilités. La ligne fut totalement détruite durant la guerre et jamais reconstruite par la suite.
52 participants, 6 km, 220 m de dénivelé.
Texte : Berthe
Photos : Christiane et Berthe.