Malgré un temps maussade et pluvieux, nous nous sommes retrouvés à 27 courageux randonneurs pour affronter cette météo terne et triste accompagnant notre sortie à travers le vignoble du Hatschbourg et les hauts de Gueberschwihr vers le Schauenberg.
Nous partons de la gare de Herrlisheim dont une villa mérovingienne datant de 662 atteste l'occupation humaine du site au VIIème siècle. En 2020 la population est de 1870 habitants. La commune est traversée par la Lauch et la vieille Thur ou canal des douze moulins. Après un peu plus de 15 min de marche nous arrivons au cimetière juif de Herrlisheim. Au moyen âge une communauté juive est installée à Hattstatt, mais en 1348 les juifs sont brûlés au lieu-dit Judenbrand, puisqu'on les avait rendus responsables de l'épidémie de peste.
En 1375 quelques familles juives se réinstallent et en 1784 les communautés juives de Hattstatt et de Herrlisheim étaient fortes respectivement de 229 et 160 âmes. Ces communautés ont totalement disparu et il n'en subsiste plus que le cimetière, d'environ 800 tombes, commun aux deux villages. Profané le 30 avril 2004, il a été inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Nous prenons ensuite la direction de Hattstatt, village probablement construit sur un ancien site gallo-romain. Au XIIème siècle la famille de Hattstatt s'installe dans le village. Au XIIIème siècle, les biens du village reviennent à l'évêque de Strasbourg. Comme toute la région, le village a beaucoup souffert des pillages et du passage des troupes lors de la guerre de Trente Ans. Ayant une vocation viticole, il est épargné pendant la guerre de 1870/1871 et au cours de la première guerre mondiale, mais il est bombardé par l'artillerie allemande en 1940. D'une superficie de 598 ha, il compte 809 habitants au recensement de 2020.
Nous arrivons à Voegtlinshoffen, l'un des rares sites paléolithiques du Haut-Rhin, situé à 340 m d'altitude. Le bourg appartient au XIIIème siècle à l'évêque de Strasbourg. Après avoir été fief des seigneurs de Schwarzenberg et des nobles von Ehlingen, il est cédé aux Habsbourg qui le donnent en fief aux seigneurs de Hattstatt. A l'extinction de la famille de Hattstatt, en 1585, le bourg passe aux mains des barons de Schauerbourg qui le conserve jusqu'à la Révolution.
Vers midi, nous arrivons au Schauenberg, lieu de pélerinage fondé au XVème siècle. Agrandie en 1680 par les Franciscains de Rouffach, la chapelle fut endommagée lors de la Révolution française puis restaurée à plusieurs reprises. Actuellement le site est géré par les religieuses de la congrégation de Saint-Marc. On y trouve une statue de la Vierge du XVIIème siècle, ainsi qu'un bel autel. Après le déjeuner tiré du sac dans la salle des pélerins, nous quittons le Schauenberg, passons devant le rocher du diable et prenons la direction de Pfaffenheim, village dont l'origine remonte à la période gallo-romaine, voire celte. Plusieurs fois démoli, incendié, saccagé, le village retrouve sa prospérité avec le commerce du vin. Sa population actuelle est de 1457 habitants, la viticulture occupe plus du tiers de la population locale.
De l'ancienne église fortifiée ne subsistent que le choeur et la sacristie. Les énigmatiques entailles que présente le mur extérieur de la sacristie en grès jaune de Rouffach seraient des marques d'aiguisage. Elle a été profondément transformée en 1836 puis en 1893 avec la construction d'un nouvel édifice néogothique, dont le clocher a été endommagé le jour de la libération du village.
Nous traversons le village pour rejoindre les berges de la Lauch et ses flots tumultueux, conséquence de la fonte des neiges sur le massif vosgien, et suivons ce cours d'eau jusqu'à Herrlisheim, terme de la randonnée de ce jour.
Photos : Michèle, Philippe et Murielle
Texte : Jean-Paul