Quelques photos d'une sympathique randonnée dans la forêt reculée de Pfaffenheim, organisée par Robert Brendel, avec un guide de référence : Romain Siry.
Ci-dessous, les notes rédigées par notre guide (2 documents à télécharger)
La Guerre de 1914-1918 à Pfaffenheim, Romain Siry
La forêt reculée de Pfaffenheim, Romain Siry
Le ban de Pfaffenheim a cette particularité de s'étirer sur une douzaine de kilomètres, d’est en ouest, du canal du Moulin à la route de Wasserbourg. Les invitations à la promenade-découverte y sont nombreuses bien qu'essentiellement centrées sur le Schauenberg, point de départ privilégié pour des sorties « en étoiles ».
Par contre la forêt reculée, s'étalant sur le socle granitique au-delà d’Osenbuhr est moins connue.
Des vestiges de la Grande guerre
Peu après le Hundsplan, dans la montée vers la « Borne jaune » le groupe a pris connaissance des faits de guerre qui se sont déroulés sur l’ensemble du massif pendant la Première Guerre mondiale, et plus précisément en 1917.
Des écuries avaient été installées à flanc de montagne. On parle de 400 chevaux ainsi hébergés. Les anciens se souviennent d’ailleurs de ces « Rosstall » sans pouvoir les localiser. Cela est à présent chose faite.
Trois plates-formes bétonnées présentant nettement des trous destinés aux montants verticaux supportant la toiture ainsi que des rigoles d'élimination du lisier ont été mises à jour.
Plus haut les promeneurs se sont rendus au lieu-dit les « Cuisines » où sur un replat est visible une auge en béton. Des amateurs de l’histoire de la Guerre 1914-1918 ont par ailleurs dégagé une portion de chemin empierré. On raconte que ce sont des prisonniers de guerre roumains qui ont réalisé ces travaux. Ceux-là même que les Allemands laissèrent mourir de faim et qui sont enterrés à la Gauchmatt.
Les ruines du château de Laubeck
À partir de la « Borne jaune » plusieurs possibilités sont offertes pour se rendre sur le site du Laubeck. Le groupe a pris le chemin nord sur la crête ouest du massif et passant derrière le Pfaffenheimerkopf. Il est pratiquement horizontal et permet çà et là de très beaux points de vue sur le Petit Ballon. Nous entrons là dans la forêt reculée de Rouffach, implantée sur notre ban. 500 mètres plus loin, ce chemin fait un virage à 90° vers l’est. Un panonceau indique les ruines en contrebas. La descente est raide mais sans difficulté.
Du château on distingue bien le site du fossé creusé dans le rocher et sur un éperon rocheux quelques restes du donjon, élevé face aux attaques possibles et protégé par le fossé. Une partie de ce donjon a roulé dans le fossé. Il était de base ronde.
Au sud-est du donjon, sur une espèce de plate-forme, on distingue les bases des murs des logis de la « basse-cour ».
Les créateurs du château sont les Chevaliers de Laubegasse dont la première mention date de 1183 grâce à un certain Hugues, fils de Rodolphe de Lobegazza. L’histoire de cette famille est très tumultueuse et aboutit à l’incarcération en 1308 par l’Évêque de Strasbourg de l’ensemble de la famille (sept branches) puis au démantèlement du castel l’année suivante. Le château ne fut plus reconstruit.
Le Schrankenfels
Par le lieu-dit « Wolfsgrube » le groupe poursuivit le chemin vers le nord, passant dans la forêt de Gueberschwihr avant d'entrer dans celle de Soultzbach et de se trouver après une vingtaine de minutes de marche au pied des ruines du Schrankenfels, certainement le plus célèbre des châteaux du secteur. Il date de la première moitié du XIIIe siècle et est mentionné une première fois en 1241.
Un impressionnant fossé de vingt mètres de large le sépare du chemin (côté attaque) alors qu’un second de sept mètres de profondeur coupe l’accès du castel à l’ouest.
Le rempart situé à l’est, semi-circulaire, rappelle par son épaisseur les « murs-boucliers ». Perché sur un rocher de grauwacke, le donjon pentagonal (7,50 m sur 9,50 m), aux angles de bossages présente son « bec » du côté de l’attaque. Ses parois sont percées de deux archères (l'une d'elles est considérée comme la plus ancienne fléchière encore visible en Alsace). Malheureusement, bien qu'inscrit au registre des monuments historiques à préserver, ce donjon menace de s’écrouler.
Les sires de Schrankenfels sont issus des nobles de Gueberschwihr. Le château est implanté sur la ligne de crête séparant les terres appartenant à l’abbaye de Munster de celles du Mundat de Rouffach, donc propriétés de l’Évêque de Strasbourg dont il « protège » l'accès.
Le château est ruiné entre 1427 et 1431.
Le Burgthalschloss
Ruine modeste (il ne subsiste que les bases d'une tour carrée de 7 m de côté), ce château est implanté sur l’éperon rocheux s'avançant dans la vallée de Wasserbourg, entre le Schrankenfels et le Hahneck. Sont remarquables les bossages d’angle en granite. Les historiens datent cette construction du XIVe. Son histoire devait être liée aux deux châteaux voisins suite peut-être à un partage de patrimoine.
Le Hahneck
Sur une large plate-forme herbeuse, bien dégagée et donnant une perspective exceptionnelle sur le massif du Petit Ballon, on perçoit encore nettement une enceinte quadrangulaire de 22 m sur 17 m. Sur-un monticule se dresse le donjon quadrangulaire (6,20 m sur 5,70 m) qui présente des chaînages d'angle en bossages de granite impressionnants, les blocs de granite pouvant atteindre 30 à 40 cm d'épaisseur.
Il date du XIVe siècle. Sa construction, comme celle du Burgthalschloss serait due à des partages de patrimoine.
Le Strohburg
Bâti sur le ban de Wasserbourg en 1222 par André de Guirsberg, il fut habité par Dietrich von Wasserbourg en 1286. En 1324 il fut cédé pour une moitié à Ulrich von Huss et pour l'autre aux seigneurs de Hattstatt installés à Soultzbach. Les Ribeaupierre s'en emparèrent en 1425 et le donnèrent en fief aux Stoer von Stoerenbourg, jusqu'en 1595.
Le Hoh-Hattstatt
Reprenant le chemin toujours au nord, les promeneurs arrivèrent au lieu-dit « Bildstoeckle » en forêt de Hattstatt. Le site a été grandement perturbé pendant la Première Guerre mondiale. On peut encore entrer dans un « bunker ». Sur un petit sommet de granit subsistent quelques vestiges d’une salle ayant fait partie du château alors qu’en contrebas on devine des salles et des fondations d'enceinte. Le groupe a découvert le puits du château, d'un diamètre d’un mètre et partiellement comblé.
Le sous-bailli d’Alsace Conrad-Werner de Hattstatt projette sa construction en 1280. Il est terminé en 1286. Pendant la guerre dite des « Six-deniers » il sert de base à Pierre de Réguisheim opposé à la ville de Mulhouse.
En 1646-1647 les héritiers des Hattstatt vendent les pierres du château à la ville de Colmar.
Le retour de cette promenade s’est effectué par le Truchsess, à travers les belles forêts de Hattstatt puis Gueberschwihr.