Notre bulletin annuel annonçait pour ce matin une escapade avec raquettes sur le blanc manteau des cimes. Le bulletin du ciel, lui, promettait un firmament d’azur rayonnant de douceur. Sous ces beaux augures, nous ne pouvions frustrer nos amis, rétifs aux glissades sur les névés, de leur aventure hebdomadaire.
Vingt et quatre marcheurs, heureux de n’être point privés, se sont retrouvés à Klingenthal, la vallée des lames, et des sourires, pour une approche improvisée de la montagne chère à Odile.
La magnifique plateforme panoramique du mont odilien dans nos têtes, nous avons suivi le petit poucet médiéval, qui sur ce chemin, a semé quantité de castels, de forteresses et autres résidences seigneuriales. Pas moins de quatre de ces souvenirs d’un autre temps ont agrémenté notre promenade.
En liminaire à nos découvertes nous avons croisé le Kagenfels, forteresse épiscopale, très endommagée, mais en cours de sauvetage par le conservatoire du patrimoine obernois, qui invite tous les volontaires à les rejoindre pour raffermir les murs abandonnés depuis le 17ème siècle.
Au-delà de la maison forestière du Willerhof, trônant au milieu d’une exquise clairière illuminée d’un soleil radieux, nous pénétrons dans l’enceinte du Birkenfels, château résidence sans vocation belliqueuse, mais parfait cadre de mise en scène de notre groupe sur l’escalier d’accès à la cour du donjon. Notre photographe bien aimée s’est empressée de nous transférer sur sa pellicule. Une brève mais impressionnante rencontre d’une famille de sangliers a égayé l’approche du château.
La matinée médiévale ayant rassasié nos esprits de merveilles naturelles et monumentales, il devenait essentiel de songer à nos enveloppes charnelles. Sur son promontoire, la bastide de la patronne des aveugles nous a accueillis à cet effet. Eparpillés dans tout l’enclos monastique, extérieur et intérieur, nous avons régénéré nos forces pour la suite de notre pèlerinage architectural.
La cloche de la basilique a doublement tinté lorsque nous avons repris notre marche. Le chemin a changé de pente. A la matinée d’ascension succèdent de longues plongées seulement entrecoupées de quelques rares escarpements destinés à réchauffer nos mollets.
Après le passage à la Badstube, belle auge en grès réceptacle des eaux d’une source, nous étions attendus par le château du Dreistein. Trois édifices voisins, perchés sur trois embases rocheuses. De là, la vue saute par-dessus le val de l’Ehn et laisse deviner, au loin, la vallée de la Bruche.
A peine avions-nous quitté le (les) Dreistein, nous empruntions une agréable sente qui longe le nord du mur païen. Ce fut l’occasion de découvrir la porte Koeberlé, un des accès vers l’intérieur de l’enceinte celtique fortifiée quelques siècles avant notre ère. De quoi rajeunir les autres châteaux rencontrés !
Un dernier édifice se dresse sur notre chemin. Il n’en reste presque rien, mais ce qui en reste, une gigantesque arche, l’arche du Diable, posée entre deux falaises, à elle seule, mérite une visite. L’emplacement et l’aspect du Hagelschloss nous font comprendre pourquoi il fut au 15ème siècle un repaire de brigands.
Remplis de belles images, nous terminons notre descente vers nos montures mécaniques que nous atteignons après un peu plus de dix-huit kilomètres de déambulation historique et mystique.
Les guides : Patrick et Jean Paul
Texte : Patrick
Photos : Michèle et Patrick