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LE KAISERSTUHL
Le Kaiserstuhl, d’origine volcanique (environ 15 millions d'années), s’étend sur environ 16 km du nord au sud, 12 km de l’ouest à l’est. Son nom « Trône de l’Empereur » serait l’évocation d’une journée de jugements en 994, par le roi Otton III (deux ans avant son couronnement en tant qu’empereur)…
Son point le plus élevé est le Totenkopf (« La Tête de mort », 557 m), facilement repérable par son antenne de télécommunications. Il héberge de nombreuses plantes rares, comme par exemple des orchidées, et est le lieu de nombreuses randonnées pédestres avec des vues splendides sur la Forêt-Noire, la plaine d'Alsace et les Vosges.
Il règne, à certains endroits du Kaiserstuhl, un climat à tendance méditerranéenne, sec du fait des Vosges qui font naturellement barrière à la pluie en provenance de l'océan Atlantique. Ceci explique la présence importante d'espèces animales et végétales aimant la chaleur. C’est, par exemple, l'un des lieux qui présente la plus grande diversité d'orchidées en Europe (plus de trente espèces recensées). Ici vivent également des lézards verts et des mantes religieuses , des espèces plutôt familières dans le bassin méditerranéen. Le chêne pubescent, également présent dans le massif, est une plante commune en Europe du sud. Ces espèces vivent dans une aire biologique disjointe, donc séparées de leur zone de répartition normale. Ceci est un reliquat d'une période chaude post-glaciaire durant laquelle régnait un climat nettement plus doux dans une vaste région qui englobait le Kaiserstuhl. À la fin de cette période chaude, ces espèces n'ont pu survivre dans la région que dans ce massif bénéficiant d'un microclimat.
LA TRANSFORMATION DU PAYSAGE ET SES CONSÉQUENCES
Des terrasses ont été aménagées très tôt pour permettre l'exploitation agricole de cette terre fertile. Elles sont aujourd'hui majoritairement utilisées pour la culture de la vigne mais aussi pour la culture d'arbres fruitiers ou des légumes.
Vers 1950, on commença à regrouper les anciennes terrasses. Cela se transforma ensuite en remembrements plus importants qui modifièrent par endroit complètement l'aspect originel du site. Les transformations les plus importantes eurent lieu entre 1970 et 1980.
Ces travaux n'ont pas été sans conséquences sur l'environnement. Ainsi, en 1983, le Kaiserstuhl a reçu l'équivalent d'un tiers des précipitations moyennes annuelles durant la seule semaine de la Pentecôte, ce qui eut pour conséquence d'importants dégâts dus au ruissellement incontrôlé des eaux qui ont provoqué l'effondrement de nombreux talus et terrasses avec leur végétation. Depuis, les exploitants s'appliquent à réhabiliter la forme des terrasses afin de corriger les défauts les plus importants de cette transformation du milieu naturel.
LE LÖSSHOHLWEGE-PFAD
Le Lösshohlwege-Pfad, littéralement l’itinéraire des chemins creux du lœss est l’une de ces balades étranges et superbes sur un site où le lœss s’est déposé de manière spectaculaire sur plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur.
Le lœss, roche sédimentaire, est une terre limoneuse meuble, de couleur jaune-brun. Elle est généralement riche en calcaire, fertile, composée d'éléments fins, qui a le plus souvent été transportée par le vent et que l'on trouve en de nombreuses régions du globe comme la Chine, l'Europe centrale, la vallée du Rhin, l'Amérique du Nord, l'Argentine.
Le mot est issu de l’allemand Löß, formé vers 1845 par le géologue von Leonhard, probablement à partir de l’alémanique lösch « peu compact, meuble ». Los signifiant « détaché, qui ne tient pas ». L’étude du lœss est importante pour ce qui concerne l’étude du paléoclimat. Les dépôts de lœss constituent une véritable archive du climat.
Le lœss s’installe à l’ère quaternaire (2,5 Ma). Il se dépose en période froide et sèche et recouvre le sol comme un couvercle dont l’épaisseur atteint 40 mètres dans le Kaiserstuhl. Le lœss de couverture le plus récent date de la fin du Wurm et s'est déposé il y a 25 000-13 000 ans (à la même époque que la dernière glaciation de nos régions).
Les seuls restes fossiles que l'on trouve dans le lœss sont des ossements de mammifères et de petites coquilles de mollusques, plutôt terrestres qu'aquatiques. Quand le lœss repose sur un sous-sol perméable, il constitue des terres très fertiles. En effet, les terres lœssiques sont réputées favorables à l'agriculture, en particulier grâce à leur capacité de rétention en eau. Les régions lœssiques sont traditionnellement des terres à blé, par exemple : la Beauce ou, en Chine du Nord, la vallée du Fleuve jaune (voir la note ci-dessous)
Les chemins dans le lœss se sont creusés par l’action des hommes, des animaux, des moyens de transport (par exemple les « Ochsenkarren », chars à bœufs). Ils sont progressivement lavés par l’érosion et deviennent imperméables. Cette structure géologique favorise les microclimats (zones chaudes, mais fraiches à l’ombre) et la richesse des écosystèmes particuliers riches en diversité d’animaux et de plantes.
L’aménagement des terrasses, en particulier pour l’exploitation du vignoble, existe depuis le Moyen Âge.
C’est depuis les années quatre-vingts que ces zones sont mises en valeur, entretenues, conservées et protégées. Mais 80 % des « Hohlgassen » sont maintenant perdus.
La technique des « feux de broussailles » se pratique en hiver pour la régénération. Ils sont sans danger pour les animaux hivernant : la température est d’environ 60°C au sol alors qu’elle atteint 650°C à hauteur des genoux.
Note : En Chine, les problèmes d'érosion peuvent devenir catastrophiques. Les taux d'érosion de ces régions agricoles sont considérables. Les désordres concernent non seulement l'agriculture mais le fonctionnement hydrologique (avec ses conséquences sur les écosystèmes aquatiques sur l'ensemble du tracé des cours d'eau) et la remise en suspension des sédiments lœssiques qui entraînent de véritables tempêtes de sable jusque dans la région de la capitale chinoise. Il s'agit d'un véritable processus de désertification.