Les terres de l’Alsace du sud ont attiré dix-neuf curieux prêts à partir à la découverte de ces espaces de bois et d’eau caractéristiques du comté du sud.
Notre déambulation matinale, sur les chemins forestiers et sur les sentiers encore un peu gras des ondées de la fin de l’hiver, nous permit de parcourir une synthèse de l’histoire locale, riche et chahutée.
Depuis l’an 750 et la fin du duché d’Alsace, le Sundgau, couvrant initialement quasiment tout le territoire de l’actuel Haut Rhin, s’est rétréci vers le sud pour ne représenter aujourd’hui plus qu’un cinquième de ce territoire. En revanche ses 170 clochers témoignent d’une population disséminée dans les villages nombreux, représentant d’ailleurs près de la moitié des communes du département.
Successivement propriété des comtes de Ferrette jusqu’en 1324, le Sundgau est ensuite tombé dans la corbeille du mariage de Jeanne de Ferrette avec Albert 2 d’Autriche, dont nous venons de célébrer le huit centième anniversaire à Thann. Le Saint Empire Romain Germanique, Habsbourgeois essentiellement, resta le port d’attache du territoire jusqu’au ralliement à la France après la guerre de trente ans. Cette longue période, souvent instable et violente, a été source de dévastations, ruines et disparitions de nombreux villages dont il ne reste rien de visible. L’éphémère de nos créations, fussent-elles d’apparence indestructible, devrait nous rendre humble devant l’Histoire.
Pendant la première guerre mondiale ce pays du sud, comme nombre d’autres territoires alsaciens, a été aux premières loges. Carspach en particulier fut traversé par une tranchée allemande dès septembre 1914. La vie dans le village devint impossible et la population dut être évacuée vers Zillisheim.
Le deuxième conflit du siècle dernier resta un peu moins violent pour Carspach.
Le village fut libéré dès le 22 novembre 1944 et la préfecture du Haut Rhin s’y installa le 1er janvier 1945 en attendant la libération de Colmar.
La collation prise autour d’un abri de pêcheur a marqué le changement de paysage de notre sortie. Les forêts ne se sont pas effacées mais se sont enrichies d’une multitude de plans d’eau de toutes tailles toujours parfaitement entretenus. Peu profonds, leurs planchers vaseux est idéal pour le confort des carpes qui viendront terminer leur nage dans un bain de friture de l’une des auberges spécialisées des environs.
La carpe, emblème de la contrée, n’est que très minoritairement d’origine locale. La très grande majorité des poissons écoulés dans nos tavernes proviennent de la république Tchèque et du pays des Dombes dans l’Ain. Mais l’honneur de nos fameux gargotiers est sauf. Les carpes arrivent vivantes et profitent pendant quelques jours des eaux alsaciennes pour s’habituer au us et coutumes de nos contrées et se préparer aux noces dorées avec le Riesling.
Notre promenade hebdomadaire courte de 21 kilomètres et avec peu de relief (190m en incluant les digues des étangs) a été accompagnée d’un soleil discret en matinée gagnant en présence au fil de l’après-midi.
Le mercure, un peu timide, était absolument idéal pour nos efforts. Le printemps orne les arbres des premières marques de chevelures d’un vert fragile.
Les sous-bois se tapissent des fleurs fraichement réveillées de leur sommeil hibernal.
Tous les signes sont apparents pour une belle poursuite de notre saison de découvertes pédestres.
Guide et texte : Patrick
Photos : Michèle et Patrick