Randonnée au grand canon de Zillisheim
Novembre a étendu son voile gris sur la vallée du Rhin, ce qui n’a pas empêché 31 intrépides marcheurs de se retrouver dans le septentrion du Sundgau, curieux de quelques découvertes historiques et paysagères.
Ayant à peine parcouru quelques encablures, nous pénétrons dans l’enceinte des impressionnants vestiges du grand canon de Zillisheim. Ce modèle de l’architecture militaire germanique du premier conflit mondial était le siège d’une pièce d’artillerie lourde de 115 tonnes. Le tube de ce canon était en mesure de projeter des obus de 750 kg à une distance de près de 40 km. Belfort, la vallée de Thann et même Guebwiller étaient sous la menace de ce terrible engin de fonte et d’acier.
Nous quittons ce lieu, témoin du génie destructeur de l’homme, pour rejoindre le paisible et bucolique sommet du Britzgyberg. Bien connue pour les découvertes archéologiques d’une résidence fortifiée de l’âge du fer, la colline abrite également une chapelle. Situées au-dessus d’Illfurth, montagne et chapelle ont emprunté leur nom au sulfureux évêque de Tours, successeur de Saint Martin. Prélat amateur des sept péchés capitaux plus que des douze commandements, notre Brice eut quelques déboires vers l’an 430 après avoir commercé trop intimement avec une de ses jeunes et belles servantes. Ceci n’empêcha pas son accès au saint panthéon, il est aujourd’hui encore honoré le 13 novembre et est devenu le patron des juges ! L’est-il devenu en mémoire du pardon de ses frasques octroyé par le pape lui-même ou pour sa connaissance profonde de tous les péchés comettables ?
Après une courte descente, nous découvrons, dans un vallon abrité des vents et des regards, l’émouvant cimetière militaire allemand d’Illfurth. 2000 soldats reposent sur une pente raide orientée au sud, sous de simples dalles sans référence confessionnelle. Dans le haut, près d’un aigle monumental, est inhumé Albert Mayer, la première victime allemande, tombé le 2 août 1914 à la veille de la déclaration des hostilités entre l’Allemagne et la France.
Après ce champ de mémoire, chemins et sentiers nous conduisent par de beaux paysages sylvestres et agrestes vers le village de Luemschwiller parsemé de fontaines et d’anciennes demeures paysannes à colombages. Au-dessus de la bourgade, dans la forêt, une halte dans le cimetière israélite nous rappelle que Luemschwiller comptait une importante communauté juive au début du siècle dernier.
Notre avancée se poursuit par un chemin herbeux jusqu’au point culminant du jour. Au Weillenberg à 395 m d’altitude, un panorama à 360° permet d’admirer la Forêt Noire, le Jura alsacien, la porte de Bourgogne et les Vosges. Epoustouflant !.....mais Eole n’a pas daigné souffler sur le voile de Novembre et toutes ces merveilles sont restées dissimulées derrière le rideau du théâtre. Il faudra revenir avec la complicité d’un soleil plus entreprenant.
Nous reprenons quelques forces à Obermorschwiller dans un beau parc arboré entourant l’église. La fraicheur du jour n’incitant pas à prolonger ce moment de repos au-delà du raisonnable, nous immortalisons la journée sous les deux tilleuls multiséculaires et nous reprenons notre route.
Nous revenons vers Luemschwiller et la chapelle Notre Dame des neiges dont la fresque d’entrée rappelle la neige tombée sur l’Esquillin après une apparition de la vierge au 4ème siècle.
Le retour passe encore par de beaux chemins forestiers et le dernier arrêt nous fait découvrir les étangs du bois de l’Altenberg à une dizaine de minutes du terme de cette journée.
Guide et texte : Patrick
Photos : Michèle et Patrick