C'était le mercredi 27 mars 2024 avec les randonneurs, dans le massif du Taennchel

C’est par journée plutôt fraîche, et sans pluie, que 21 courageux randonneurs partirent à l’assaut du Taennchel.

C’est un lieu mythique où rien ne semble naturel, c’est le royaume des fées et des gnomes. L’Alsace est une terre de légende, et ce lieu n’y échappe pas, et l’on s’attend à tout moment à voir surgir des êtres fantasmagoriques surgissant des rochers aux formes fantastiques.

Le Taennchel est une crête de 6km de long en forme de croissant de lune qui démarre avec le Taennchel antérieur à 901m et se termine à l’Ouest pour culminer à 989m (selon IGN). C’est une table en grès de 200m d’épaisseur reposant sur un sol granitique. Entre ces 2 matières jaillissent des sources alimentant les communes environnantes où 950000 m3 sont captés chaque année.

Nous voici partis de Thannenkirch qui a, bien entendu sa légende qui aurait pu être à l’origine de la création de ce village situé dans un beau cirque vallonné et qui s’ouvre à l’Est vers la plaine d’Alsace.

Une princesse, fille des seigneurs de Ribeaupierre, poursuivie par un chevalier brigand se réfugia dans une petite chapelle dans la forêt. Mais le chevalier enfonça la porte alors que la princesse implorait Dieu et soudain les murs de la chapelle se refermèrent empêchant le gredin de rentrer et la chapelle se transforma en un immense sapin protégeant la princesse. Le chevalier partit et la princesse put sortir saine et sauve. Et c’est ainsi que charbonniers et bûcherons vinrent construire autour de cet endroit où fut érigée une nouvelle chapelle.

Mais le bois n’était pas la seule activité et les lessives connurent un certain succès jusqu’en 1875. Plusieurs habitants étaient inscrits comme fabricants de potasse ou saliniers. Ils recueillaient les cendres de bois, les faisaient bouillir dans de grands chaudrons et conservaient l’eau. Par évaporation ils en retiraient une pâte potassique qu’ils allaient vendre jusqu’à St Dié. Les ménagères s’en servaient pour leurs lessives.

Nous voici au début du massif au pied du rocher de la Paix d’Udine, nom donné par les habitants de Ribeauvillé à la suite d’une victoire napoléonienne de la campagne d’Italie, le 17 octobre 1797. Nous avons un premier panorama nous permettant de voir le Haut Ribeaupierre et la ville de Ribeauvillé.

Nous continuons vers le Nord en longeant le mur dit «Païen», long de 2,3km, qui reste encore un mystère.

Nous faisons un petit crochet vers le rocher abri, où nous testons le volume du lieu, et arrivons à mettre 20 personnes mais un peu à l’étroit !
 

Nous voici à la partie NE du massif au rocher des géants appelé également la roche des fées car elles avaient construit un pont qui reliait le rocher à celui du Chalmont situé sur les hauteurs de Liepvre. Tous les matins, au lever du jour, elles récitaient sans relâche la formule magique afin que le pont reste en place. Mais un jour elles oublièrent un mot et le pont s’écroula. La présence d’un grand nombre de cupules permettait aux fées de préparer moult potions magiques.

Un panorama nous permet, en dépit de la météo, de voir les châteaux de Scherwiller, le rocher du Coucou et le Frankenbourg, l’Ungersberg étant dans la brume.
Nous sommes ici au point de départ d’un abornement particulier constitué de rochers bornes où il fût, en 1538, gravé sur chaque rocher une croix grecque ainsi qu’une lettre allant de A à V, partant du rocher des Géants, à l’extrême Ouest du massif. Ceci confirma à cette date la fin d’un conflit entre Guillaume de6 Ribeaupierre et les représentants des cités de Ribeaupierre et Bergheim. Ces lettres matérialisaient les limites pour les pâturages, l’exploitation forestière et surtout la glandée (les cochons adoraient les glands et un cochon bien nourri rapportait de l’argent).

Nous longeons maintenant la crête Nord pour arriver au rocher des reptiles où nous pouvons admirer la vallée de Ste Marie aux Mines et les villages de Ste Croix, Rombach, Liepvre et La Vancelle.
La 1ère roche est posée en équilibre et fait partie des pierres tremblantes. Ces pierres étaient craintes autrefois car les femmes adultères y étaient jugées (pas les hommes qui sont certainement des saints !) Ce jugement de Dieu, l’ordalie au moyen âge, obligeait l’accusée à trouver le point de déséquilibre de la roche pour la faire bouger. Si l’épreuve réussissait, la femme était innocente.

Rassurez-vous, mesdames, ceci reste une légende ! Une de nos randonneuses a pu la faire bouger, ouf sauvée !

Après une halte au Kutzigbuech où Jean-Louis nous offrit un rocher Ferrero (pour rester dans le thème du jour) nous atteignons les trois grandes tables où bien entendu une autre légende nous attend.

Les 3 tables et leurs deux anneaux qui nous rappellent une des plus curieuses légendes d’Alsace
Il y a plusieurs millénaires la plaine du Rhin ne formait qu’une immense mer intérieure sur laquelle naviguaient de hardis marins. Ce sont eux qui, pour amarrer leurs barques, auraient scellé des anneaux sur quelques rochers émergeant des eaux et formant aujourd’hui le sommet de nos montagnes. Et pourquoi Noé n’aurait-il pas pu être un de ces navigateurs, légende qui se rapporte au Taennchel. Il y a un autre anneau dans le massif et un autre au mont Ste Odile au Maennlestein.

Le hic est que la mer était présente il y a 40 millions d’année et Noé n’était pas encore né.

On aime malgré tout les légendes ...
Nous arrivons maintenant au Reinoldstein en passant devant le dernier rocher borne et la lettre V (on y voit également des chiffres qui attestent d’un abornement plus récent). Par beau temps on voit la silhouette particulière du Climont (Azimut 335).

Nous voici maintenant sur le chemin du retour après une halte au carrefour du Rotzel et,passant par un pré où nous pouvons admirer l’église de Thannenkirch, le Reichenberg et au loin Bergheim.

Nous passons devant les différentes œuvres du sculpteur local André Bosshardt dont les sculptures sont connues dans le monde entier. Né en 1930, et décédé l’an dernier, il fût le maître dans l’art de la sculpture sur bois. Il fût également maire du village de 1983 à 1995 et fît son apprentissage à 14 ans à Colmar dans l’atelier d’Albert Erny. Nous avons la chance d’être accueillis par son petit-fils entrain d’œuvrer dans l’atelier de sculptures et le fils d’André nous montre la crèche exposée dans l’église durant la période de Noël, réalisée en 1999 et son œuvre majeure.

Nous terminons notre périple en admirant les multiples décorations de Pâques ornant ce beau village.

21 participants pour 19km et 670m de dénivelé

Guide : Jean-Pierre Caille
Texte : Jean-Pierre
Photos : Ida – Philippe - Jean-Pierre