Une très belle journée s’annonce, la météo est très favorable. Elle se terminera aussi très bien.
Arrivés au parking, nous empruntons un chemin herbeux à travers les mélèzes et les houx, puis, après un chemin plat, nous pénétrons dans les bois et arrivons sur le GR5 direction la fameuse Roche du Tétras. Beaucoup de poudingue.
Petite halte, le temps de se désaltérer et observer les myrtilliers. Appelés brimbelliers dans les Vosges, et la Luce dans l’ouest de la France. Aucun fruit hélas dans ce secteur, à cause du gel au printemps.
Il existe bien sûr le bluet ou bleuet, myrtille de culture importée d’Amérique du Nord au cours des années1980, avec une saveur plus douce (blueberry) .
La Brimbelle est l’appellation vosgienne de la myrtille sauvage. Toutefois, les étymologistes hésitent encore pour déterminer l’origine de cette particularité linguistique lorraine. L’explication la plus plausible viendrait du vieux français. En effet «Bran» signifie «noire» et «Beilles» est le mot qui servait à définir des formes en bille. Il s’agirait donc «d’une bille noire».
Néanmoins, les deux sortes séduisent : grâce à leur peau bleue, elles contiennent des antioxydants, des minéraux (potassium, calcium, phosphore, magnésium, fer, sodium) et elles sont bourrées de vitamines (A, B, E, C).
Nous traversons ces roches, l’escalier, suivons le Gr5 tout en descente, magnifique sentier, toujours des brimbelliers mais là des fougères en plus.
Arrivés en bas, nous croisons un grand groupe, puis continuons après avoir goûté.
Direction le champ du bois et le col de Fréland. Petite montée dans la forêt, vers le col du Kalblin, toujours à travers les myrtilliers sans fruit. Après la pause déjeuner, on descend par un sentier non balisé, puis vers le col de Seelaker, le Beckenickert, et le Burgerweg, assez insolite avec hélas, à notre gauche, en contre-bas des pans de forêts dénudés, d’autres avec des arbres morts, un spectacle catastrophique. Heureusement la relève est là, des pépinières de résineux à notre droite, sur le flan de la forêt en pente ascendante.
Initialement déclenchée en région Grand Est, l'épidémie de scolytes s'étend désormais sur la quasi-totalité des forêts d'épicéas, de la moitié nord de la France.
Ces insectes, dont la taille varie entre deux et sept millimètres, sont naturellement présents dans notre écosystème. Le typographe est le scolyte commettant les plus gros dégâts dans les forêts d’épicéas, notamment dans le Grand-Est. En creusant des galeries dans le cambium (une fine couche sous l’écorce) pour y déposer leurs œufs, les femelles condamnent des arbres par milliers.
Partout où l'épidémie frappe, une modification de l'aspect paysager est à prévoir. Au-delà des coupes exceptionnelles, le dépérissement des épicéas modifie l'aspect de la forêt. En effet, les arbres attaqués par les scolytes sont facilement identifiables par le changement de la couleur de leurs aiguilles, virant du vert au brun, puis par leur disparition totale.
En 2020, en région Grand Est, on estime à 3,3 millions de m3 de bois déclassés (ndlr, bois qui ont perdu de leur valeur, attaqués par un insecte ou pour une autre raison de dépérissement) dont 1,8 million de m3 d’épicéas. "A elle seule, cette essence représente à peu près deux tiers des volumes récoltés en bois dépérissant", témoigne Edouard Jacomet, adjoint au directeur territorial Grand Est à l’ONF.
Cette épidémie, préoccupante pour la santé des forêts et des écosystèmes concernés, inquiète les professionnels de la filière bois.
Habituellement valorisés comme bois de charpente et de menuiserie, les épicéas altérés par le scolyte sont déclassés par les scieurs, notamment en raison du développement d’un champignon qui accompagne les scolytes et qui vient bleuir le bois. Cet afflux inhabituel de bois dépérissant en France comme en Europe a entraîné une chute des prix lors des ventes de bois et une saturation du marché.
Les conditions climatiques extrêmes de ces dernières années en France ont engendré de multiples crises sanitaires en forêt. Ces dernières prennent la forme d'une importante prolifération de parasites, insectes et champignons, qui provoquent de sérieux dépérissements dans les peuplements. Ainsi, les effets conjugués depuis 2018, exceptionnellement chauds et secs, ont entraîné une prolifération de scolytes dans les pessières (forêts d'épicéa).
Une fois repéré, l’arbre infesté doit être coupé. "Il faut ensuite le débarder le plus vite possible, avant la fin du cycle larvaire pour éviter de contaminer les autres arbres", poursuit Hubert Schmuck. Le bois est ensuite amené en scierie, plongé sous l’eau ou encore écorcé de manière à ce que les larves ne puissent pas terminer leur cycle.
Il existe aussi le piégeage aux phéromones pour limiter les dégâts des femelles.
Tout l'enjeu pour les forestiers est de procéder au remplacement des peuplements d'épicéas par des essences locales et nouvelles capables de s'adapter à la spécificité des milieux et au changement climatique. "Avec ces crises, tôt ou tard l’épicéa va régresser, voire disparaître dans les parties de basse altitude."
Enfin, un projet conséquent financé par la Région et par l’Europe sur le test de nouvelles essences qu’elles soient feuillues ou résineuses : FuturForEst : "Bien que ce projet ne se déroule pas dans le cadre de la lutte contre les scolytes, mais dans celui de l'adaptation aux changements climatiques, les deux se rejoignent et se nourrissent réciproquement", déclare Hubert Schmuck.
Nous quittons cet endroit dans l’espoir de le revoir moins impacté, et sous de meilleurs jours.
Arrivés au parking en avance, rafraichissement oblige au Saint-Alexis, nous rentrons tôt après quelques échanges.
Merci aux randonneurs pour cette très belle journée malgré ces pauvres arbres.
C’est pas tout, mais il faut aller voter !
Nadia
Photos Nadia