La rigueur des frimas matinales ne nous empêcha pas de partir à l’assaut du mont Ste Odile par cette première grimpette qui nous réchauffa rapidement.
Partis de Vorbruck dans la vallée de l’Eh n, ruisseau qui prend sa source près de la Rottlach et se jette dans l’Ill près d’Illkirch, nous arrivâmes au premier château, le Koepfel dont il ne reste que le mur de pierre, base du château construit en bois au X ou XIème siècle.
Les cieux furent avec nous quand la brume laissa place à un beau panorama sur les châteaux d’Ottrot émergeant d’une forêt blanchie par le givre. Une légère descente nous permit de les rejoindre en quelques enjambées. Ces châteaux, entretenus par l’association «les Amis des Châteaux d’Ottrot», sont visitables les mardis et samedis matins. Ils sont en réalité trois : le château de l’an mil (le Vieux Lutzelbourg construit en bois), le Rathsamhausen construit vers 1200 et le Lutzelbourg construit au milieu du XIIème.
A l’emplacement du vieux Lutzelbourg on construisit vers 1150 le premier château de pierre, un donjon qui serait le plus ancien d’Alsace.
Ces châteaux font partie d’un vaste réseau de forteresses protégeant le mont et toutes situées à l’extérieur du mur païen. Tout ceci partit d’une visite du pape Léon IX en 1050 qui rédigea une charte confirmant que toute l’enceinte située à l’intérieur du mur soit placée sous l’autorité de l’abbesse.
Durant la révolution, Ottrot a joué un rôle assez curieux dans l’histoire du mont Ste Odile : le 14 Août 1794, Stamm, agent national du district de Barr et Jacobin, monte avec ses hommes jusqu’au sanctuaire. Il fait fracturer les portes de l’église, démolit les autels, les tableaux, détruit la chaire à c oups de hache et se dirige vers le tombeau de Ste Odile. Durant 11 siècles en dépit des différents évènements malheureux il avait toujours été respecté. Ils ouvrent le tombeau et il était vide ! Quelques jours auparavant 4 hommes venus d’Ottrot et de Klingenthal s’étaient rendus en grand secret au monastère ! Craignant uneprofanation, ils avaient ouvert le sarcophage et pris les ossements puis les avaient cachés à Ottrot dans la maison du Herrenhof (appartenant aux chanoines de prémontrés). Après la tourmente les ossements furent reportés au couvent et, par reconnaissance, une partie de ces reliques fut remise à la paroisse d’Ottrot qui la possède toujours.
L’appel des hauteurs nous projeta jusqu’à la gloriette de l’Elsberg pour un panorama brumeux sur la Forêt Noire.
Nous prîmes la direction du sentier des merveilles en passant rapidement près de la Hexenplatz, endroit empli de mystères et de sorcellerie. Nous longeâmes de multiples rochers dont le rocher des géants, base du Mont Hohenbourg dont certains dépassent les 30m de haut.
Après avoir passé le Stollhafen (tasse sur pieds) et le rocher d’Oberkirch nous atteignîmes le monastère pour un déjeuner bien mérité.
Bien repus nous prîmes la direction de la partie nord ouest du mur païen dont il reste de beaux vestiges.
Le rocher Robert Forrer nous rappela que cette archéologue a publié en 1899 le récit de ses découvertes sur le mur païen dont il pris toutes les mesures. Sa longueur est de 10,5km entourant une surface de plus de 100hA. Sa largeur moyenne est de 1,70m sur une hauteur maxi de 3,70m. Les 300 000 blocs du mur venait des 30 carrières à proximité (dont nous en vîmes une) qu’il découvrit durant ses recherches. Selon
lui c’était une construction gauloise et non romaine comme certains l’avaient affirmé.
Nous passâmes à proximité du Dreistein construit, entre autres avec les pierres du mur païen, et firent une halte à la Badstube pour atteindre ensuite le parking du Saegmuhlmaettel.
Une dernière montée nous permit d’atteindre le château du Kagenfels non visitable car en travaux menés par des bénévoles avec le soutien de la ville d’Obernai.
Nous rejoignîmes notre point de départ après une journée plutôt agréable pour la saison.
27 participants pour 18,2km et 730m de dénivelé
Guide : Jean-Pierre Caille
Texte : Jean-Pierre
Photos : Muriel, Nadine, Gilles