Notre randonnée débute à Dusenbach par le chemin de croix, un chemin forestier de 800 m tout en montée, fréquenté par les pèlerins depuis 1221.
Nous partons pour une sortie teintée d'histoire et d'authenticité.
Le pèlerinage de Dusenbach remonte au 13e siècle. Ce lieu emblématique est né à l’initiative d’un seigneur de Ribeaupierre, qui, de retour de croisade, fit construire une chapelle dans ce vallon sauvage, en ramenant une statue de la Vierge confiée à un ermite. L’endroit regroupe la Chapelle de la Vierge, un couvent, une église néogothique, un abri de pèlerins (aujourd’hui fermé). La chapelle a été dévastée à trois reprises, la dernière reconstruction datant de 1894. Elle est construite au flanc d’un promontoire en à-pic sur le ravin au fond duquel coule le petit ruisseau du Dusenbach. C’est en 1893 que l’évêché de Strasbourg devient propriétaire des ruines de Dusenbach. Les Capucins s’y sont installés en 1904. L’ordre avait quitté Dusenbach en 2009 avant d’y revenir en 2016. Aujourd’hui, « le sanctuaire de Notre-Dame de Dusenbach est entré dans le patrimoine de la Ville de Ribeauvillé. Le transfert de propriété a été acté le 16 décembre 2022 lors de la signature officielle entre Mgr Ravel et le maire de Ribeauvillé, Jean-Louis Christ, qui a évoqué un moment historique, par lequel les Ménétriers confirment leur attachement au site. Depuis le XVe siècle, les Ménétriers ont prêté allégeance aux seigneurs de Ribeaupierre, mais aussi à leur sainte patronne de Dusenbach. (extrait des DNA du 17/12/2022) La chapelle et la grande église sont classées monuments historiques.
On sait que les seigneurs de Ribeaupierre avaient sous leur juridiction la confrérie appelée alors « la Royauté des Musiciens » Le siège de la confrérie se trouvait à la Maison des Musiciens, que certains historiens pensent être le « Pfifferhüs » dont on peut admirer la façade avec son oriel et l’enseigne à Ribeauvillé. Le rendez-vous officiel de la confrérie fut fixé le jour de la nativité de la Vierge, le 8 septembre. Un grand cortège était organisé qui se rendait en pèlerinage à Notre Dame de Dusenbach. Derrière la bannière s’avançait le Roi des Violons, suivaient les musiciens, qui portaient une médaille de la Vierge de Dusenbach, patronne de leur confrérie. Après la messe, tous les confrères montaient au château pour donner au seigneur un concert d’hommage.
Aujourd’hui, la fête des ménétriers, le « Pfifferdaj » existe toujours (ménétrier est dérivé de l’ancien nom ménestrel, dans le sud, on les appelait les troubadours).
Après une petite pause au sanctuaire, notre grimpette continue sur un sentier forestier en direction du premier château, le château de Grand-Ribeaupierre, le plus important et le mieux conservé, connu sous le nom de Saint-Ulrich. Situé à 528 m d'altitude, ce château apparaît sans conteste comme l'un des ensembles castraux les plus passionnants de Haute Alsace. Il fut la demeure principale des sires de Ribeaupierre jusqu'à son abandon final au XVIᵉ siècle. Il est doté de différents styles architecturaux : à des parties romanes sont adjointes des éléments gothiques, voire Renaissance.
Les vestiges sont superbes et le point de vue en cette journée ensoleillée magnifique.
Nous continuons notre randonnée en direction du deuxième château, le château de Girsberg ou Petit-Ribeaupierre, fruit d'une prouesse architecturale. Chaque morceau de muraille épouse étroitement les contours du piton rocheux. Nid d'aigle érigé au-dessus de Ribeauvillé à une volée de flèches du Saint-Ulrich.
La légende de la flèche fratricide.
Une légende se rattache à ces deux châteaux dans lesquels vivaient deux frères dans une chaleureuse fraternité ; l’aîné, occupait le château du Girsberg, et le plus jeune le St. Ulrich. Leur principal plaisir était la chasse : comme signal de départ, le premier réveillé envoyait une flèche au volet clos de son frère ; un beau matin, le jeune sir de St. Ulrich envoya sa flèche vers le château de son frère aîné au moment où celui-ci poussa le volet et il reçut la flèche en plein cœur. Effondré, le meurtrier s’enfuit et personne ne le revit plus jamais. Depuis ce jour maudit, tous les ans, à la même date, on entendait dans la forêt le bruit infernal de la chasse et aux aboiements furieux des chiens, aux cris des bêtes, se mêlait une plainte, où l’on pouvait distinguer les mots « Tu n’as pas cru, n’est-ce pas ? » ; la veille, ils s’étaient disputés, mais c’était un accident.
Et pourquoi la dispute ? Le jeune frère voulait épouser la fille d’un ménétrier qui était Roi des Violons, une royauté d’un jour de fête. Mais ce projet de mariage était insupportable à son aîné, le duc du Girsberg.(Contes et légendes d’Alsace)
Après une petite pause, nous entreprenons la descente vers Ribeauvillé sur un large chemin propice au bavardage.
Très belle sortie avec en prime un soleil radieux.
60 participants - 9 km - dénivelé 230 m.
Texte : Berthe et Suzy
Photos : Suzy