Nous empruntons partiellement le sentier géologique créé par le CV de Barr, fort de 31 panneaux sur une distance de 15km et un dénivelé de 600m.
Après une 1h de marche, nous voici arrivés au rocher Herrade, après avoir emprunté le sentier des chameaux. Ce sentier bordé de bornes créées en 1778 portent, pour certaines, l’emblème du dromadaire qui nous amènent aux portes des légendes du Mont Ste Odile. La 1ère légende de la journée nous raconte qu’en l’an 803, 5 chevaliers ont escorté, à travers la France, un chameau chargé de précieuses reliques confiées par Hugues Le Peureux de Bourgogne. Il dit : "là où le chameau se couchera, là devront rester ces reliques". Les reliques du Christ et de la Vierge Marie, enchâssées dans une croix monumentale de 2,7m de haut & 1,7m de large ornée d’or et de diamant, fût conduite à l’abbaye de Niedermunster.
Revenons au rocher portant le nom d’Herrade de Hohenburg dite de Landsberg auteure de la 1ère encyclopédie rédigée par une femme entre 1159 & 1175.
Nous voici maintenant au château du Landsberg pour une 1ère pause bien méritée (pause dit «banane»). Ce château construit au 12è par Contad de Vinhege (qui prît le nom de Landsberg) sur un terrain de l’abbaye de Niedermunster, aujourd’hui propriété des barons de Turckheim. L’objectif était de protéger la partie Sud du Mont Niedermunster et la prévôté de Truttenhausen. En 1300 le Mont Ste Odile a compté jusqu’à 9 forteresses qui assuraient sa protection !
Les Landsberg étaient originaires du village de Vinhege, situé au Sud d’Obernai et aujourd’hui disparu. On remarquera la belle façade Nord romane et son bel oriel à fleur de lys restaurée en 2011. Dans la cour du château une petite fleur jaune d’origine méditerranéenne, l’Eranthe d’hiver, fleurit à la mi-mars.
Nous voici maintenant au kiosque Jadelot avec une vue sur les châteaux d’Andlau, au loin le Haut Koenigsbourg et le sommet local, l’Ungersberg sur notre droite.
Nous arrivons aux portes du Mont avec le Wachstein (10m de haut) qui servait certainement d’observatoire, nous longeons une partie du mur païen et traversons une série de rochers tous autant impressionnants les uns que les autres.
Nous voici maintenant dans la salle des pèlerins pour une pause déjeuner à l’abri des éléments. Le mont Ste Odile est certainement le plus ancien village d’Alsace car les archéologues y ont découvert des traces d’habitation datant de 4000 AV JC.
A la fin du VII siècle Etichon/Aldaric, duc d’Alsace, construit une résidence seigneuriale. Il fait don du château à sa fille Odile afin de le transformer en monastère de femmes. Personnage tyrannique, meurtrier il souhaitait certainement se donner bonne conscience.
43 abbesses se sont succédées de 680 à 1542. Je vous fais grâce de la légende de Ste Odile mais revenons sur cette autre légende que l’on peut voir sur la fontaine que nous allons traverser sur notre descente vers Niedermunster. Premier texte rédigé par le chanoine Jean Ruyr en 1364 :
Elle fit par volonté divine sourdre une fontaine d’un Rocher au pendant de la Montagne, tant pour la commodité de ses Religieuses que des pèlerins, & laquelle fontaine ne tarit jamais.
Ce miracle advint par ce qu’un pauvre homme, ja d’ailleurs assés débilité, s’estant mis en devoir de parvenir au Monastère d’En-Haut pour y recevoir l’aumosne , que de coustume on luy distribuoit, il ne peut pour cette fois gaigner le sommet de la Montagne, ains recreu de fatigue & d’infirmité, le voilà arresté dans l’estroit sentier, tout pasmé de soif, où par la providence divine, arrivant Sainte Odile, compassionnée de l’accident, & sur la grande confidence qu’elle avoit en Dieu, frappa de son baston pastoral le Rocher estant au costé du pauvre gisant à demy mort, d’où incontinant surgeona une belle fontaine, & très abondante en eau claire & si salubre, que non seulement ce langoureux en sentit les premiers effects, mais deslors les aveugles & autres affligés de la vue, en ayant pris à mesure de leur grande foy, & par la miséricorde ineffable de nostre Dieu, ont esprouvé la bonté d’icelle. Cette eau, dy-je, encor que transportée à des contrées bien remotes, ne se corrompt, si elle est conservée avec respect, pour l’usage de ceux qui ont la vue débile ou offencée.
Nous voici maintenant à l’abbaye de Nidermunster d’où nous voyons le mont Ste odile. Elle fût construite en l’an 707 quand Ste Odile décida de construire cette abbaye pour éviter aux pèlerins âgés ou malades de gravir le mont. Nous voyons la 3ème construction réalisée par les abbesses Redeline & Edeline de Landsberg. Un hôpital et un hospice furent construits ainsi que la chapelle St Nicolas restaurée au 19è, chapelle proche de l’hospice.
L’abbaye était très imposante avec son abbatiale qui mesurait 63m de long avec une largeur de 24m au niveau du porche (une représentation de l’abbaye est visible au musée de l’ouvre Notre Dame à Strasbourg). Beaucoup de pèlerins s’arrêtaient à Niedermunster pour faire leur dévotion à Marie et admirer la croix reliquaire. C’est en 1194 que Richard Coeur de Lion vint à l’abbaye après sa libération du château de Trifels (palatinat).
La renommée de Niedermunster égalait celle de Hohenburg (mont Ste Odile). Bien entendu Léon IX venait souvent visiter les 2 abbayes, étant le descendant d’Aldaric, le père de Ste Odile.
Nous voici maintenant au St jacques avec les restes de l’ermitage construit par les 5 chevaliers ayant amené la croix à Niedermunster, où subsistent 2 rochers dans le pavement rappelant le fameux hameau !
Notre retour vers Barr nous fait passer par Truttenhausen qui comme Niedermunster accueillait les pèlerins avec son hôpital.
Notre chemin de retour se fait par les hauteurs du vignoble et arrivons avant les pluies qui vont sévir dans la soirée.
29 participants pour 17km et 700m de dénivelé
Texte : Jean-Pierre Caille
Photos : Michèle & Jean-Pierre