Abreuvés de ballons, de crêtes et de ruminants vosgiens, quelques-uns d’entre nous, accompagnés par quatre nouveaux amis ont convenu, le temps d’une semaine, de changer d’horizons pour humer l’air jurassien avec ses crêts, vals, lacs et montbéliardes.
Sur la route vers notre villégiature, serpente le Hérisson, rivière aux multiples cascades et premier prétexte pour une randonnée de mise en condition, huit kilomètres et deux cents mètres de dénivelé, de chutes en cataractes jusqu’à l’éventail la plus haute et la plus belle. La rivière n’a aucune parenté avec le petit animal à la beauté piquante. Son nom serait d’origine gallo grecque, ono pour cours d’eau, hieros pour sacré. Une cascade sacrée de liqueur houblonnée plus tard nous reprenons nos coches pour rejoindre Valérie.
Valérie, le poème piquant de notre semaine, et accessoirement directrice du village de vacances avec son compagnon Abdel. Abdel au fourneau, Valérie à la parade ont, à eux deux, assuré les plaisirs de nos papilles et la bonne humeur de l’aube au crépuscule. Après notre accueil de haute volée, nous nous répartissons dans 4 chalets confortables, calmes à l’orée de la forêt et à quelques pas (caillouteux) de la plage du lac.
Un autre accueil tonitruant nous sera servi dimanche. Après une première randonnée pour découvrir le lac, de retour au village, juste à temps pour apprécier l’orage derrière les vitres de la salle à manger du village. Les feux du ciel, les clameurs des dieux nous ont fait craindre que le lac allait tomber sur nos têtes. Le soleil nous a vite rassuré, pointant ses rayons avant la fin du jour et ne chicanant plus du tout sa lumière pendant tout le séjour.
Le lac de Vouglans, retenue artificielle sur l’Ain, crée en 1968 avec la mise en service du barrage éponyme, a des dimensions respectables. Long de 35 km large de 450 m, d’une profondeur moyenne de 38 m, il contient 605 millions de m3 d’eau.
Après cette première journée de découverte lacustre, nous avons chaussé nos brodequins pour quatre autres sorties au long cours qui allaient émailler notre semaine. Avec nos casse-croûtes, préparés par Abdel nous avons pris les chemins pour découvrir la région aux multiples attraits. Le lac, jamais très loin, se dévoilait souvent sur les promontoires. Emeraude serpentant l’ancienne vallée, il étale ses plages, baigne les forêts à perte de vue et ravit quelques embarcations qui strient sa nappe d’huile.
Entre ces échappées sur le lac, nous partons en immersions profondes dans la forêt jurassienne. Fraiche, moussue la sylve nous enchante à chaque pas. Nous serions à peine étonnés de voir apparaitre quelques fées, djinns, gnomes ou autres esprits magiciens. Nous trouvons tous les jours un endroit enchanteur pour notre pique-nique, sur des roches couvertes d’une soyeuse couche de mousse verte et tendre ou au bord d’une cascade étalant sa symphonie de couleurs et de vibrations.
Mercredi, nous profitons des services d’Olivier, guide professionnel. Avec lui, nous escaladons les pentes abruptes du Crêt Pela. Au sommet à 1495 m d’altitude ce n’est pas le lac qui se découvre mais le sommet enneigé du Mont Blanc qui semble à portée de nos doigts. Avant d’atteindre ce panorama, Olivier, de commentaires en conférences, nous détaille la flore locale, la géologie jurassienne, l’histoire de la comté franche, sans oublier l’alchimie des vins jaunes mondialement réputés. Sans oublier, non plus, cette halte dans un chalet d’alpage où nous attendait un punch de bienvenue, des brochettes apéritives diverses et la traditionnelle raclette au comté évidemment arrosée comme il se doit. La reprise de notre route vers le sommet s’est faite avec le sourire malgré les estomacs bien tapissés.
Vendredi, programme allégé avec la visite du musée du jouet à Moirans en Montagne. Nous y avons découvert l’histoire millénaire du jouet depuis l’antiquité jusqu’à Smoby le joyau industriel local et sponsor du musée. Après la visite, nous avons entrepris une dernière randonnée pour clore notre semaine, réputée facile, elle s’est transformée en marche d’orientation. Le sentier s’est petit à petit noyé dans la végétation et nous avons sorti nos outils technologiques pour retrouver une parcelle d’humanité et le chemin du retour ! Ce fut une excellente conclusion avec les rires, la bonne humeur et la mousse blanche dans nos verres au fond d’un bistroquet de la civilisation retrouvée.
Les randonnées touchaient à leurs termes mais avant de remettre nos boussoles en direction de notre cher massif vosgien nous avons encore été accueillis par Amandine et Paco, 52 ans à eux deux, qui ont ressuscité une fruitière de village et travaillent le comté à l’ancienne, à la main et au feu de bois. Paco nous consacre deux heures et transforme devant nous 450 litres de lait en une meule d’environ 45 kg de comté. Amandine nous vante les produits affinés et n’a pas beaucoup de mal à nous convaincre de remplir nos valises. N’oubliez pas de visiter la fruitière 1900 à Thoiria si vous passez par là. Ces deux jeunes méritent nos encouragements.
Une dernière étape a conduit certains vers Ornans et la visite du musée Courbet.
Grand merci à notre belle et joyeuse équipe. Merci à nos sympathiques amis, hôtes d’un séjour, mais que nous espérons revoir sur nos sentiers. Et merci à Daniel qui a cornaqué la semaine avec maestria en assurant de bon déroulement de 78km de randonnée et 1800m de dénivelé.
Guide en chef : Daniel
Texte : Patrick
Photos : Pascal, Blanche