Trente trois marcheurs ont encore voulu gouter au merveilleux soleil de notre été indien. Ils ont fait le voyage vers un lieu égaré au-dessus de Rosheim pour partir à l’assaut du Heidenkopf, tapi dans la forêt de Bischoffsheim, mais situé sur la commune de Boersch, mystère des achats de domaines du dix-neuvième siècle.
L’aventure commence par une longue approche, sans dénivelé, sur un sentier partagé entre randonneurs, vélos et chevaux. Mais ce matin nous étions les seuls locataires des lieux de cette partie de l’Eichwald. Peu après le carrefour éponyme nous atteignons la boucle du Heidenkopf que nous allons parcourir entièrement. (Heidenkopf = la tête des païens)
Le sentier serpente joliment à mi-pente en face du château de Guirbaden et du village de Mollkirch. La pente s’accentue très légèrement mais reste sans difficulté. Comme l’indiquait le créateur de la boucle, nous pouvons nous laisser pénétrer par la musique presque symphonique des arbres. La lumière, lentement automnale, est filtrée à travers les feuilles des chênes, des hêtres, des pins et des sapins.
Le chemin est long mais le bonheur de la marche est complet. Sans s’annoncer, l’abri du Verlorener Eck surgit sur notre gauche. Très bel ouvrage, récent et bien entretenu idéal pour une pause. Mais la surprise est ailleurs. S’élèvent devant nos yeux éberlués, un alignement de rochers, menhirs et dolmens digne d’un extrait de Carnac. Nous sommes pourtant bien en Alsace, tout est en grès rose bien de chez nous. Il s’agit de l’œuvre d’un vrai breton, expatrié dans ce coin perdu. Ceci pour rappeler au passant que l’Alsace aussi fut celte et que nos quatre cents châteaux sont tous construits sur des ruines celtiques.
Mais notre pique-nique restera au fond de nos sacs. Nous avons d’abord à gravir la belle pente qui nous mènera à l’objectif du jour. Une toute petite heure de marche aura suffi pour atteindre la tour du club vosgien qui couronne le Heidenkopf.
Le Mündel Turm a été érigé en 1909 en grès rose par le club vosgien. Elle est dédiée à Curt Mündel un des premiers présidents du club vosgien. Elle est aujourd’hui entretenue par le club de Rosheim. Une ascension de vingt mètres par un escalier de quatre-vingt huit marches permet de dévoiler un panorama à 360° qui nous emmène du Jura, par la Forêt Noire vers les Vosges.
Du château construit au moyen âge il ne reste rien, si ce n’est des éboulis de rochers plus ou moins équarris. Avant le château, le sommet servait de guet aux légionnaires romains pour surveiller l’arrivée d’éventuels gaulois par le fond de la Bruche. Et avant encore, les celtes campaient sur ces hauteurs
Huit autres tours bâties sur un modèle équivalent se trouvent au Grand Wintersberg (Niederbronn), au Wasenkoepfel (Oberbron), au Brotsch (Saverne), au Champ du Feu, à l’Ungersberg, au Climont, et au Faudé. La tour du Rossberg, à Ferrette, est construite avec une structure métallique.
Déjeuner avalé et quelques explications plus tard, nous reprenons notre chemin pour boucler la boucle. Descente rapide, un peu plus raide que la montée qui nous permet de faire une halte au centre de Rosheim pour admirer les trois portes et la belle église romane.
A cette heure, pourtant pas tardive, plus de Ropfkuecha, la grande spécialité pâtissière du village. Pas de bistrot non plus au centre de ce beau village.
Mais l’humeur reste bonne et merci à tous les participants.
Guide et texte : Patrick
Photos : Pierre, René