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L'actualité du club vosgien de Colmar

C'était le jeudi 29 mai avec les randonneurs, au départ d’Echery

Publié le 1 Juin 2025 par Club vosgien Colmar in Randonneurs

Les cieux nous ont permis de découvrir ce hameau de Ste Marie aux Mines, haut lieu de l’exploitation minière.

Notre périple démarre avec la tour de l’Horloge ou la tour des Mineurs qui servit de prison et de tribunal. L’administration minière est organisée par un règlement daté de 1527 et dirigée par un juge des mines. C’est le siège aujourd’hui de la caisse des mineurs. Elle fût créée vers 1550 alors qu’on dénombrait près de 3000 mineurs qui venaient principalement de Saxe. Elle s’appelait la Bruderbuchse où chaque mineur versait chaque semaine 1 % de son salaire.

Le tribunal siégeait au 1er étage et les cachots étaient situés au RDC.

Avec l’arrêt de l’exploitation minière vers 1636, la Tour des mineurs perd sa fonction judiciaire. Elle est cédée aux protestants réformés de Ste Marie-aux-Mines, qui y aménagent une école paroissiale au 18e siècle.

Maison forestière de 1862 à 1868 elle sert depuis 1979 à la caisse des mineurs qui organise des évènements liés à la mine où sont stockés les costumes de parade des mineurs.

Deux anciennes mines se visitent, la mine St Louis Eisenthur et la mine Gabe Gottes via l’association ASEPAM.

En ce jeudi particulier nous partons pour l’ascension du «rain de l’horloge» qui ne nous mènera qu’au petit Brézouard (ce qui est déjà pas mal). Les premiers hectomètres sollicitent nos mollets et nous aurions pu reprendre la phrase célèbre : «notre route est droite mais la pente est forte» dixit JPR (vous le reconnaîtrez).

Notre petite troupe avance d’un pas alpin sur cette crête qui surplombe la vallée de la Liepvrette à l’Ouest et le vallon du Rauenthal à l’Est et est traversée par 6 filons orientés d’Est en Ouest, formés durant l’ère tertiaire lors de l’effondrement du fossé rhénan, il y a environ 10 à 30 millions d’années. Ces 6 filons étaient en exploitation de 1549 à 1636. Les découvertes d’argent natif, bien que rare, ont rendu célèbre le Val d’Argent. Plusieurs blocs dépassaient la centaine de kilos et l’on en trouva un en 1581, d’un poids de 592kg, ce qui raviva l’intérêt des concessionnaires des mines.

Il y avait le plus souvent des minerais de plomb argentifère où la concentration d’argent ne dépassait pas les 0,1 % alors que les minerais de cuivre argentière atteignait les 8 %.

Après une pause où nous commençons à voir de beaux panoramas avec le massif du Violu, sur notre droite, nous reprenons notre ascension jusqu’à l’ancien télégraphe optique Samuel qui s’inspirait du morse. Au lieu d’émettre un son l’appareil produisait des signaux lumineux par intermittence. Les informations étaient transmises dans un rayon de 5km. Les allemands construisirent 24 ouvrages optiques fin 1916 début 1917. Les 2 Brézouard nous toisent du regard pour nous rappeler qu’il nous reste 380m à gravir mais le groupe repart d’un pas alerte.

Nous passons devant une stèle qui nous rappelles les combats acharnés de la guerre de positon débutant en 1915 avec le régiment d’infanterie composé de troupes de réserve de Friedberg (secteur de Frankfurt) dont la devise était « Furchtlos und Treu » (Sans peur et fidèle).

Nous voici au Haïcot avec un magnifique panorama où nous voyons au loin le parc éolien de Belfays. Les estomacs commencent à crier famine et nous poussent vers la dernière ascension jusqu’au chalet du Brézouard au pied des 2 Brézouard, dont le grand n’est plus accessible, étant devenu une zone de quiétude. Il semble que certaines personnes n’aient pas bien vu l’écriteau ...

Les libations terminées, pas de sieste aujourd’hui, nous gravissons les 24 derniers mètres pour atteindre le sommet du petit Brézouard nous offrant un beau panorama. Nous pouvons voir le Schnepfenried, le Grand Ballon d’un côté et les Donons, le Climont, St Dié de l’autre.

Il est temps de repartir car il nous reste 11km à parcourir et encore plein de choses à voir. Nous cheminons entre les forêts de Ste Marie et de Fréland pour arriver au Rehberg et quittons le chemin qui nous aurait amené à la Pierre des Trois Bans, toute proche.

Après un long chemin, où nous rencontrons quelques troncs à la mine sympathique, nous faisons une halte à la fuste de l’Étoile, bel exemple de construction à base de rondins de bois brut empilés et entrecroisés aux angles. L’étanchéité est assurée par une gorge réalisée sous les rondins par le fustier. Ce type de construction était à l’origine des premières maison en bois il y a fort longtemps avant l’industrialisation. Celle-ci comporte un toit végétalisé s’intégrant parfaitement dans cette belle forêt.

Nous passons devant le Chauffour, centre de vacances, de congrès et d’organisation de mariage blotti dans un écrin de verdure.

Nous passons au Zillardhof où se trouvent d’anciennes mines dont une mine de plomb avant de plonger sur Echery.

Nous faisons une dernière halte à St Pierre sur l’Hâte pour découvrir une très belle église du XVIème siècle et son intérieur tout en bois brut patiné par les siècles passés. Nous découvrons un piano à queue, près du cœur, attendant le prochain concert. L’église est également connue pour le festival aux chandelles et sa musique de chambre.

Mentionnée dès le 12e siècle, puis remaniée au XVIème par le seigneur de Ribeaupierre , l’église de Saint-Pierre-sur-L’Hâte est d’abord catholique puis donnée aux protestants en 1561 et qui devient un simultanéum en 1685. Elle est la seule église en France où 3 cultes étaient pratiqués (catholiques, réformés & luthériens)

Elle est également le lieu de sépulture des mineurs (tombes dans le narthex  et dans le cimetière).

Nous voici de retour à Echery et passons devant l’ancienne maison du collecteur de la dîme, impôt sur le minerai collecté  (1/10e puis 1/20e «tout augmente!») pour l’empereur du St empire germanique dont les seigneurs de Ribeaupierre étaient les vassaux. En 1530, les seigneurs perçurent ainsi jusqu’au 1430 cuveaux de 50kg soit 71,5T de minerai !

Il y eut quelques sursauts de l’exploitation minière entre 1897 et 1940 qui se traduisirent par des échecs et des faillites.

Nous passons devant la savonnerie bien connue du Val d’Argent et ses savons à l’huile d’Argan qui pratiquent la saponification à froid. Tout est fait sur place depuis 2007.

Notre groupe de 19 valeureux arpenteurs a bien avalé et digéré les 19km ainsi que les 800m d’ascension et a plutôt bonne mine ! Nous faisons une halte pour une boisson de récupération bien méritée à l’estaminet local.

Texte : Jean-Pierre

Photos : Martine B. & Jean-Pierre

Prêts pour l'ascension

Prêts pour l'ascension

Arbres Etranges

Arbres Etranges

Bonnes Têtes

Bonnes Têtes

en plein effort

en plein effort

Fuste de l'Etoile

Fuste de l'Etoile

la troupe au HaÏcot

la troupe au HaÏcot

Panorama Est

Panorama Est

Panorama Ouest

Panorama Ouest