Une belle journée s’annonce pour la découverte de ce beau massif gréseux chargé d’histoire et des bords du lac. Notre point de départ est le barrage de Vieux Pré mis en service par EDF en 1993, élément essentiel du 3ème plus grand lac artificiel de Lorraine avec ses 304 ha pour une retenue d’eau de 62 millions de m³ (que d’eau!). Il est possible de faire le tour du lac pour une distance de 28,5km (parcours sinueux et vallonné).
Lac à vocation touristique et prisé par les pêcheurs, il alimente la centrale nucléaire de Cattenom à 160 km du barrage (située à 10km de Thionville) et compense le débit de la Moselle en se déversant dans la Meurthe, son affluent. Il utilise pour ce faire le lac de la Plaine comme bassin inférieur via une conduite forcée souterraine.
Après une traversée de forêt, nous voici au village de Pierre Percée, dont le nom viendrait d’un puits de 3m de diamètre et 33m de profond, qui aurait été creusé dans le grès au pied du château sur les ordres d’Henri 1er fils d’Agnès de Langenstein et Hermann de Salm. Il est dominée par le château (actuellement en rénovation), construit au XIIème siècle, appartenant successivement au comte de Langenstein, de Pierre Percée puis au compte de Salm d’où son nom actuel.
Le château est situé sur un axe Lorraine Alsace allant jusqu’au Donon via la vallée de la Plaine, endroit qui a toujours été stratégique au fil des différents conflits.
Notre première ascension nous amène à une première barre rocheuse d’environ 300m aux formes diverses, les Roches de Marie Fontaine, qui est également un site d’escalade de niveau 6b sur une échelle de 1 à 9b. Après une première pause bien méritée nous voici arrivés au col de la Vierge Clarisse qui nous replonge dans la 1ère guerre mondiale. C’était le lieu d’accès au front situé au col de la Chapelotte qui séparait les troupes Françaises des troupes allemandes. Tout le secteur de Pierre Percée devint un pôle logistique important depuis l’attaque des allemands, le 27 février 1915, où ils s’installèrent sur les hauteurs de la Chapelotte et conservèrent cette position jusqu’à la fin du conflit (côte 542).
Il y avait l’infirmerie, les baraquements qui permettaient aux survivants de se reposer, des galeries de mines pour stocker les munitions et un atelier de forgeron pour les réparations.
Les blessés étaient évacués à Raon l’Etape quand il y avait des véhicules disponibles la plupart tirés par des chevaux. Il y avait également des canons de 75 pointés sur le col de la Chapelotte.
Nous quittons le col pour entamer le sentier des roches utilisé par les soldats pour atteindre la grotte des poilus (les soldats utilisaient également des boyaux pour atteindre cette grotte) aménagée par le 43ème RI comme poste de secours avancé.
Notre chemin nous amène au Rocher de l’Arche d’une belle architecture puis au rocher de Dame Galle où fût bâti un des 3 châteaux qui avaient pour but d’assiéger le château de Pierre Percée qui permit à Etienne de Bar, évêque de Metz, de s’en emparer.
Nous passons devant l’ancien poste de transformation électrique qui alimentait entre autres la grotte des poilus et l’observatoire Adonis situé au Nord de la grotte (sur la côte 500).
Nous arrivons à la Pierre à Cheval qui fût percée côté Nord pour installer un observatoire sur la crête et de tirer sur l'ennemi au moyen d’un canon de 37mm surnommé Julot.
Une dernière montée nous amène au Rocher de la Vue pour une pause déjeuner avec un beau panorama et vue sur le le village et le lac de Pierre percée.
Une bonne descente et un long chemin nous ramène au col de la vierge Clarisse où nous pouvons voir sur le chemin d’anciennes tranchées françaises proches du col de la Chapelotte.
Les violents bombardements bouleversent les tranchées et abris qu’il faut reconstruire à chaque fois pendant que les allemands dès 1916 utilisent des quantités importantes de béton pour renforcer leurs positions.
Il faut savoir également qu’à partir de 1915 une terrible guerre des mines commença où les soldats creusèrent la roche jusqu’à 80m de profondeur pour endommager les tranchées adverses.
Nous quittons cette partie historique pour rejoindre les bords du lac en traversant la dernière barre rocheuse longue de 1km, les Roches de la Xaveure. Nous passons devant le rocher du guichet, puis de la grande table et du tabouret, rochers tous aussi impressionnants qu’aux formes particulières.
Les 6 derniers kms nous permettent de découvrir les berges du lac et de beaux points de vue. Nous passons par l’embarcadère qui permet aux heureux propriétaires d’embarcations de voguer sur le lac et de pêcher, le cas échéant, le poisson emblématique du lieu, le Corégone (sorte de saumon) qui habite d’ordinaire les grands lacs alpins et leurs eaux fraîches et profondes mais ce salmonidé se développe dans ce lac de basse montagne. En 1989, un million d’alevins y ont été déversés et depuis les prises des pêcheurs témoignent de la réussite de l’adaptation du poisson à son environnement. La hauteur des eaux peut atteindre 80m qui favorise la population de ce poisson.
Nous parcourons de nombreuses anses, zones moins profondes, permettant la reproduction des amphibiens comme le crapaud commun et le triton alpestre.
On y trouve également la Littorelle à 1 fleur et l’Elatine à 6 étamines espèces florales des étangs.
Retour pour les 28 randonneurs après un périple de 17,7km pour 340m de dénivelé
Texte & photos : Jean-Pierre