Breitenbach dans le Val de Villé bien sûr ! Breitenbach comme une étape du tour de France avec ses cols de première catégorie. Mais contrairement au tour de France, nous avons toléré que les non grimpeurs puissent éviter la première ascension et partir du sommet pour atteindre le premier passage en empruntant un chemin quasiment à plat.
Trente-sept adeptes des beaux espaces se sont répartis pour environ deux tiers de forts mollets et un tiers d’hédonistes préférant la roue libre. Après quatre-vingt-dix minutes de sueur pour les uns et de gaie flânerie pour les autres, nous nous sommes tous retrouvés au sommet de Belle Vue pour une pause en face du Val. Le groupe au complet continue sa pérégrination par les sentiers et les chemins vers le col du Kreuzweg, son site d’acrobaties sylvestres, encore clos mais bientôt réanimé, et la villa Mathis, résidence de délassement d’Emile Mathis le constructeur automobile alsacien qui mériterait d’être mieux connu. Il a fait, au début du siècle dernier, la gloire de l’industrie alsacienne et particulièrement de l’industrie automobile en rivalisant avec les ténors mondiaux de cette branche. Sans le deuxième conflit planétaire, nous aurions probablement Mathis à la place de Citroën, Peugeot ou Renault.
Direction col de la Charbonnière, une légère montée nous amène sur une sente à fleur de coteau avec vue splendide dévoilant la vallée jusqu’à Sélestat. D’étranges oiseaux colorés tournoyant dans l’azur, nous ont fait lever les yeux, c’était l’heure du déjeuner spectacle sur la piste d’envol des Icares modernes qui ont remplacé la cire par de fins cordons pour accrocher leurs ailes. Trois pas et les voilà, profitant des zéphirs, emportés pour aller taquiner les nuages pourtant inexistants en cette belle journée.
Le spectacle est au-dessus de nous mais s’étale aussi à nos pieds avec tous les villages du Val, carte postale sans frais, qui nous émerveille. Il faut pourtant repartir, nous ne sommes qu’à mi-chemin.
Mais comme un bonheur n’arrive jamais seul, au col de la Charbonnière, l’auberge éponyme nous aimante vers sa terrasse ensoleillée. Le sympathique cabaretier accueille toute notre armée, de non moins sympathiques porteurs de godillots, autour des quelques tables extérieures complétées par les appuis de fenêtres et tout autre reposoir pour déguster café, bière, crémant,…
Le guide a eu bien du souci pour rappeler à tout le monde que le chemin, encore long, nous imposait de ne pas prolonger notre arrêt au-delà du raisonnable !!
Long mais aisé. La pente s’est définitivement inversée. C’est au tour des descendeurs de montrer leur adresse sur les sentiers vers la Tannhütte et, plus bas, pour retrouver les rives chantantes du Breitenbach qui rassemble toute l’onde éparpillée sur les versants sud du Champ du Feu, les convoyer vers le Giessen puis l’Ill et le grand voyage vers la Mer du Nord.
Presque arrivés, nous profitons encore des vergers du Muehlberg dominant le village de
Breitenbach. Dans quelques jours les fruitiers seront en fleurs, marquant le renouveau de la nature.
L’agréable flânerie de cette sortie printanière se termine avec fierté quand nous considérons tout le chemin parcouru par cols et monts tout le long de nos dix-neuf kilomètres étalés devant nos yeux.
Guide et texte : Patrick
Photos : Michèle