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L'actualité du club vosgien de Colmar

C’était le Vieil Armand en ce 2 avril 2025…

Publié le 3 Avril 2025 par Club vosgien Colmar in Randonneurs

En avril ne te découvre pas d’un fil… l’adage ne s’est que partiellement avéré correct en ce petit matin. Certes la bise, par moment, nous entourait de fraiches turbulences mais le plus souvent un radieux soleil échauffait nos trente et neuf marcheurs sur les pentes, raides parfois, du Vieil Armand.

De très belles échappées vers la plaine d’Alsace ont émaillé notre chemin vers le faîte de cette montagne sacrée. La cantine Zeller, au mitan de notre effort, nous a proposé ses tables et ses bancs pour notre pause bienvenue de la matinée avant la plongée dans l’histoire tragique des lieux en surplomb. Faible oxymore au regard de l’Histoire.

Plus d’un siècle a permis à la nature de poser, partiellement, un voile pudique sur ces lieux où l’inconséquence de l’âme humaine a conduit à des évènements qu’aucune horde de bêtes sauvages ne songerait à mettre en scène. Pour sauver de l’oubli les dernières traces de cette année de feu 1915, des volontaires, dont le Club Vosgien du Hartmannswillerkopf, investissent temps et sueur dans les galeries et les abris témoins des douleurs d’une jeunesse qui ne voulait que reprendre ses activités dans les champs et les ateliers et ne pas mourir dans le froid et la boue de cette montagne de cauchemar.

Le beau soleil de ce début de printemps rend difficile la représentation de l’enfer qui s’est abattu ici il y a précisément cent dix ans. Un enfer dont les sources sont complexes et intriquées.

L’empire russe, étendu au-delà de l’Ukraine et de la Biélorussie, sortant de sa léthargie ancestrale et lorgnant vers la modernité, s’arme à grande vitesse et cherche à se protéger de l’ouest tout en lorgnant vers la maitrise de la sortie de la mer Noire où les Dardanelles et le Bosphore sont des obstacles non contrôlés. L’empire Allemand, fraichement sorti des limbes sur les fonts baptismaux du traité de Versailles, est une puissance jeune et dynamique qui se sent oppressée par la triple entente qui l’enserre à l’est et à l’ouest. Le manque d’empire colonial pèse par ailleurs sur son commerce tant par le manque de sources de matières premières que par le déficit de débouchés commerciaux. L’empire Austro-Hongrois, cendres du prestigieux Saint Empire Romain Germanique, ensemble vieillissant, chanté par Stefan Zweig et administré par un empereur incapable de tourner la page, subit ses voisins, amis et ennemis, qui l’entourent et se débat avec un ensemble complexe et incandescent de voisins sur ses marches sud. Marches sud, Balkans jamais en paix, toujours disposés à la rébellion, cette myriade de petits états ambitieux, belliqueux composent un brasier jamais éteint, mélange de slaves orthodoxes, d’orientaux musulmans, de catholiques ancestraux, de protestants et au centre des influences des empires. Pour compléter cette carte européenne explosive, les empires coloniaux anglais et français tentent de réguler les antagonismes tout en souhaitant, eux aussi, une clarification continentale. Et pourtant en ce début de siècle, l’économie est plutôt florissante, les progrès scientifiques et techniques sont majeurs et la richesse est significative bien que concentrée sur une élite. 

Il a suffi d’une petite étincelle un jour de juin 1914. Il a suffi d’un jeune serbe endoctriné, Gavrilo Princip, dans une rue de Sarajevo en Bosnie Herzégovine. Il a suffi d’un futur empereur, François Ferdinand croisant la ligne de mire du pistolet de Gavrilo en ce 28 juin. Oui, cela a suffi pour lâcher des hordes d’humains les uns sur les autres.

Cette balle de Sarajevo aura été la mère de toutes les autres échangées pendant 4 ans sur tous les champs d’horreurs mondiaux. Le Vieil Armand tient une bonne place dans la liste sanglante des conséquences inhumaines d’une organisation européenne instable.

La nécropole nationale du Hartmannswillerkopf et ses 1640 tombes de jeunes hommes n’est qu’une faible marque de l’empreinte des millions de morts du premier conflit mondial mais il doit nous inciter à la prudence pour l’avenir. Souvent des causes comparables peuvent aboutir à des conséquences semblables.

Après la visite de ces lieux de mémoire nous sommes repartis sur notre beau GR5, paisible, ensoleillé et plein de promesses printanières. Le château du Freundstein, la chapelle Sicurani et l’abri Baratin ont jalonné notre descente vers la vallée. 

PS : pour ceux qui veulent approfondir les sources du conflit, je recommande la lecture d’un livre de Christopher Clark, Les somnambules chez Flammarion paru en 2012.

Guide et texte : Patrick

Photos : Michèle, Martine, Jean

 

1 - le groupe

1 - le groupe

2 - première mémoire

2 - première mémoire

3 - Le monument du 15-2

3 - Le monument du 15-2

4 - imposant

4 - imposant

5 - notre ballon grand !

5 - notre ballon grand !

6 - le printemps est là

6 - le printemps est là

7 - la chapelle Sicurani

7 - la chapelle Sicurani