C’est par une belle journée et sous la protection de St Gangolph, son effigie sculptée à l’entrée du chemin, que nous partons à la découverte des 4 anciennes carrières locales.
C’est le saint patron des sources et de l’harmonie conjugale, ce qui ne l’a pas empêché d’être tué d’un coup d’épée par l’amant de sa femme en 760. De passage dans le Florival il aurait planté son bâton de pèlerin dans un pré fleuri et aussitôt une source jaillit. Il aurait alors construit un ermitage à proximité et très rapidement les fidèles accoururent vers ce lieu et aujourd’hui se trouve encore une chapelle.
Revenons à nos carrières que nous allons découvrir en parcourant le massif du Schimberg, ou montagne du soleil. Son sommet couronné de grès rose a permis l’exploitation de plusieurs carrières. S'étendant de l'Oberlinger à l'entrée de la vallée de Guebwiller jusqu'au col du Bannstein, ce massif situé plein sud, a également été propice à la culture de la vigne depuis l'époque romaine.
Nous voici maintenant arrivés à l’entrée de la première carrière du jour, sur le ban de Buhl, dont le nom était : Mühlsteingrube. Nous profitons également du panorama sur le petit ballon avant d’admirer les belles falaises de grès.
Les premières exploitations datent de l’époque romaine où les pierres servaient pour la construction de murets de soutènement dans le vignoble.
Pour construire l'abbatiale de Murbach, les églises des environs, le Hugstein et d'autres fortifications, les maisons d'habitations et les murs-terrasses du vignoble, on utilisa le grès rose du Schimberg.
Depuis l'existence des registres communaux, à partir de 1789, on trouve la mention courante de sept carrières de Buhl : Creuzlen, Christian, Schwarzenbach, Thal, Trottberg, Appenthal et Mühlsteingrube, ouvertes successivement pour parer à l'épuisement du gisement de la précédente. Sur le ban de Buhl, seules les carrières du Schwarzenbach et la Mühlsteingrube sont encore visibles.
L’exploitation de cette première carrière débuta au 13ème siècle. La roche était utilisée pour la confection des meules de moulin (spécialité des maîtres carriers) ou encore comme pierres de construction.
Nous pouvons voir également l’endroit où les explosifs étaient stockés, la chambre de tir où les carriers s’abritaient ainsi que la salle des machines abritant le mécanisme du funiculaire.
Situé près du sommet du Schimberg, l'accès et l'évacuation des matériaux étaient très difficiles. En 1907, construction d'un funiculaire pour permettre le transport des pierres. Il reliait la carrière à une gare, située à l'intersection de la rue de la Liberté et du Trottberg. Il ne devait, en aucun cas, gêner la circulation sur les chemins, notamment durant les vendanges. Avant l'aménagement du funiculaire, les pierres étaient transportées sur un brancard en bois tiré par des chevaux et aussi au moyen d'une schlitte, mentionné dès 1453.
Nous longeons la falaise gréseuse pour une nouvelle halte devant un panorama sur le grand ballon et le château du Hugstein, situé sur les bans de Buhl & Guebwiller, construit en 1227 par Hugues de Rothenbourg, abbé de Murbach, et qui servait à protéger l’abbaye et la vallée du Florival.
Nous voici de nouveau montant vers la 2ème carrière, la carrière de Guebwiller où les transports de pierres se faisaient dans des wagonnets jusqu’à la Lauch, au moyen d’un treuil dont les 2 poulies sont encore en place.
Chaque wagonnet transportait jusqu’à 1T et la traction animale était utilisée au moyen de chevaux.
Un beau chemin forestier nous amène au col du Dreibanstein (pierre des 3 bans) au carrefour de 3 forêts (Buhl, Guebwiller & Bergoltzzell) pour un déjeuner bien mérité où trône un bel abri du Club Vosgien, construit selon la technique des fustes.
Nous voici repartis à l’assaut de la carrière de Bergholtz, la plus impressionnante, haut lieu d’escalade où nous assistons à une montée de falaise dont la dernière partie est plutôt athlétique.
Deux croix ont été sculptées dans la falaise faisant référence à deux personnes décédées en cet endroit au 19ème siècle.
La carrière a déjà été exploitée avant le XVI ème siècle pour construire d’anciennes maisons de Bergholtz, mais l’exploitation fut intensive début du XVIII ème siècle.
Elle a servi à construire plusieurs bâtiments, comme par exemple l’église de Bergholtz et l’église Notre-Dame de Guebwiller. Il fallait monter à pied et redescendre avec les blocs de grès au moyen de schlittes. Elle a été exploitée jusqu’à la première guerre mondiale.
Nous terminons de longer cette falaise longue de 600m et d’une hauteur de 10 à 20m pour une descente vers Guebwiller en suivant le chemin de schlittage où nous voyons 2 anciens abreuvoirs servant aux chevaux qui tiraient les schlittes.
Nous empruntons un chemin en balcon avec un panorama sur Guebwiller et les anciennes usines Schlumberger et son vignoble que nous longeons. Arrivant sur les hauteurs de la ville nous prenons un bon raidillon qui fait mal aux mollets pour découvrir un beau mur cyclopéen et les 36 menhirs de l’Appenthal disposés sur 4 rangées et format 2 V imbriqués. Cet endroit reste un mystère et des chercheurs locaux les ont datés aux environs de 500 à 460 avant J.-C. .
Nous sortons de la forêt pour un second chemin en balcon avec un panorama sur Buhl et le Hugstein apercevant la cité Rogelet nous rappelant le passé textile de la cité.
Notre descente vers Buhl nous amène à la dernière carrière du jour, la dénommée Schwarzenbach, ouverte au 13ème siècle. On pense qu'au 17ème siècle, sur ordre de Vauban, ingénieur du roi Louis XIV, la pierre devait servir à la construction de la place forte de Neuf-Brisach, ou encore à l'entretien du canal Vauban qui reliait les carrières au chantier. L'exploitation des deux sites de Buhl a été arrêtée pendant la première moitié du 20ème siècle pour des raisons techniques et financières.
Le dernier chantier qui avait une superficie de 2,5 ha se termina en 1938.
Le retour se fait par un beau chemin longeant 2 étangs après une belle journée et des randonneurs sympas comme à l’habitude.
24 participants pour 17 km et 520 m de dénivelé
Guide : Jean-Pierre Caille
Texte : Jean-Pierre
Photos : Michèle & Jean-Pierre