Blotti en fond de vallée, Mittlach est situé à 500 m d’altitude au pied des massifs du Hohneck, Kastelberg, Rothenbachkopf, Schnepfenried. Son nom proviendrait de l’allemand (mittel), milieu, et (aha) ruisseau ; le village est traversé sur plus de 3 km par la Fecht. Primitivement inclus dans le ban de Metzeral, Mittlach n’est devenu une commune indépendante qu’en 1908. Elle a connu une forte immigration après la Guerre de Trente Ans ; l’abbaye de Munster, à court de main-d’œuvre, a fait venir de nombreux bûcherons ; ceux-ci venaient principalement d’Autriche, du Tyrol, mais aussi de Forêt-Noire et de Suisse.
Pendant la guerre de 14/18, le village fut libéré par les chasseurs alpins dès le mois d’avril 1915 et les allemands ne purent jamais y revenir, alors que Metzeral a été évacué, incendié et entièrement détruit par les allemands. Une ambulance alpine (hôpital militaire) a été installée dans la cave de la Mairie-Ecole de Mittlach qui est aujourd’hui transformée en musée. On y soignait les militaires blessés mais aussi les civils.
Dans la vallée de la Wormsa subsistent de rares vestiges du câble transbordeur qui a été installé en 1915 entre Retournemer et Mittlach en passant par un tunnel creusé au Hohneck. Il servait à transporter du matériel et du ravitaillement depuis Retournemer.
On peut rappeler que c’est à cette époque qu’a été créée notre belle route des crêtes dans un but stratégique afin d’assurer la logistique et la défense sur le front des Vosges. « Le front s’étant stabilisé sur les sommets, le commandement imagine la création d’une route reliant le front français à l’abri de l’artillerie allemande, mais aussi au plus proche des combats pour acheminer hommes, munitions et intendance. Une voie existait déjà entre le Grand Ballon et le Breitfirst ; il fallait relier le Breitfirst au col de la Schlucht puis au col du Bonhomme. En terme militaire, il s’agit d’une voie de défilement, car à l’abri de l’ennemi, sur le flan ouest, très largement sur le versant lorrain du massif des Vosges. » (réf. Les Grandes Heures du massif des Vosges de Damien Parmentier) et c’est aujourd’hui l’axe majeur pour découvrir les magnifiques paysages des Hautes Chaumes.
Avant de revenir à Steinabruck, nous passerons par la Nécropole Nationale du Chêne Millet. Ce site tient son nom du peintre Jean-François Millet qui aimait se retrouver à cet endroit ; des croquis témoignent de son attachement au lieu, particulièrement aux grands chênes situés en contre-bas. Actuellement d’importants travaux de déboisement ont été réalisés par l’Office National des Anciens Combattants, gestionnaire du site mémorial ; des dizaines d’arbres ont été abattus pour gagner en visibilité, mais aussi pour sécuriser le lieu à cause d’arbres malades.
Cette nécropole de 14300 m² créée en 1920 conserve le souvenir des soldats morts lors des combats de Metzeral, du Reichackerkopf, du Sillacker, du Braunkopf pendant la Première Guerre mondiale. Elle rassemble 2632 corps, dont 855 dans l’ossuaire dédié aux chasseurs alpins. Elle a été aménagée jusqu’en 1924 afin d’y rassembler les corps exhumés de plus de soixante cimetières disséminés dans les communes voisines.
Il existe un circuit historique 14/18 entre Metzeral et Mittlach matérialisé par de petits panneaux numérotés que vous pourrez observer le long du parcours.
Nous terminons notre randonnée par un petit moment convivial autour d'une boisson réconfortante aux « Chalets de la Wormsa ».
51 participants, 6 km, dénivelé positif : 150 m
Texte : Berthe.
Photos : Suzy.