Nous partons de Guémar pour rejoindre Illhaeusern par la forêt du Niederwald et le sentier de l’Ill.
GUEMAR – Ancien village de pêcheurs et d’agriculteurs, Guémar comporte encore aujourd’hui quelques fermes en maçonnerie et pans de bois avec des dépendances (granges, étables, anciens séchoirs à tabac, dont on voit encore trois spécimens le long de la route qui mène à Illhaeusern). Mentionnée pour la première fois en 768, Guémar comportait deux parties : la plus ancienne appartenait au prieuré de Lièpvre, dépendant de l’abbaye de Saint-Denis, la partie la plus importante, l’actuelle Guémar, dépendait de l’abbaye de Murbach. Doté d’un port « le Ladhof » dès 1298, Guémar contrôlait la circulation des marchandises (principalement du vin et des céréales) par voie de terre et d’eau, celles-ci transitaient par la Fecht pour rejoindre l’Ill jusqu’à Strasbourg et le Rhin. En 1479, le vieux port devenu obsolète est abandonné au profit d’un nouveau quai sur l’Ill. Les bateliers-pêcheurs de Guémar vont alors fonder le village d’Illhaeusern afin de se rapprocher de l’Ill, leur lieu de travail, tout en restant bourgeois et paroissiens de Guémar jusqu’en 1833.Guémar a été fortifiée au XIVè siècle et obtint le statut de ville en 1369. Elle était pour les Ribeaupierre, propriétaires du bourg, un site de première importance. L’agglomération au bâti très dense enfermée dans son enceinte jusqu’au début du XXè siècle, s’agrandit après la dernière guerre. Les fossés de l’enceinte ont été aménagés en promenade.
ILLHAEUSERN – Le bourg d’Illhaeusern (littéralement les maisons au bord de l’Ill) est fondé par les pêcheurs de Guémar (comme dit précédemment) qui y construisent quelques habitations. Le nom d’Illhaeusern apparaît pour la première fois dans un document de 1482. La corporation des pêcheurs dispose au fil des siècles d’une influence croissante dans la vie de la cité. Le bourg, tout comme Guémar, appartient à la seigneurie des Ribeaupierre jusqu’en 1789. En 1833, le village devient une commune totalement autonome. L’économie du village est fondée sur ses activités de pêche et la mise en valeur des produits piscicoles : fritures, matelotes et autres beignets d’écrevisses qui ont fait jadis sa renommée et aujourd’hui encore le bonheur des gastronomes. Et tout le monde connaît la célèbre « Auberge de l’Ill » fleuron de notre gastronomie, et son non moins célèbre chef étoilé, Marc Haeberlin.
Au départ de notre balade, nous longerons une partie des remparts de Guémar où nous pourrons encore admirer la tour du Ladhof, tour de l’ancienne ferme castrale joliment restaurée avant de nous engager vers la forêt du Niederwald. Propriété de la Ville de Colmar, depuis le 14e s, classée réserve biologique dirigée en 2013, cette forêt ancienne d’environ 550 ha, est une forêt typique de la vallée alluviale de l’Ill. Elle est régulièrement inondée lors des crues hivernales. La présence de la nappe phréatique à moins de 2 m de profondeur et la topographie très plane, moins de 4 m de dénivelé d’un bout à l’autre, expliquent la présence de nombreuses mares temporaires et de ruisseaux d’origine phréatique. On y recense 120 espèces végétales et 44 espèces d’oiseaux, notamment des pics, vert, noir, ainsi que des chauves-souris.
En cours de route, nous ferons un petit arrêt au « Herrenhaus », ancien pavillon de chasse, propriété de la Ville de Colmar, auquel se rattache une troublante légende.
« Ce bâtiment était réservé, au 19e s, aux hauts personnages de la Ville de Colmar et l’on pense bien que les élégants chasseurs ne se bornaient pas toujours à poursuivre seulement les chevreuils et les sangliers. C’était là que maint grand seigneur donnait rendez-vous à la noble dame ou à la rusée ribaude. On y organisait des fêtes plus que galantes et un beau jour, au beau milieu de la fête, se présenta un étrange personnage qui sema la panique parmi les convives. Un des noceurs osa dire : je crois que c’est Satan en personne. Aussitôt, la maison sembla ébranlée et prête à s’écrouler provoquant la panique générale dans l’assemblée. Tout le monde se rua hors de la forêt, et depuis, plus jamais aucun chasseur ne retourna au Herrenhaus. »
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Ce récit est tiré d’un article paru dans les DNA du ler novembre 2020 et qui fait référence à une publication du Glaneur du Haut-Rhin du 19 mars 1839.
Il paraît que toute légende contient sa part de vérité.
Il conclut qu’il faut croire que le diable a depuis longtemps quitté les lieux, car ce refuge est régulièrement fréquenté par les actuels disciples de Nemrod que l’on ose imaginer plus sages que les anciens.
52 participants, 8 km.
Texte : Berthe
Photos : Christiane