C’était le 4 octobre d’Urbès à Rouge Gazon avec les randonneurs

L’affichage de la randonnée avec l’intitulé «avec des passages assez difficiles» n’avait pas effrayé les participants puisque nous nous sommes retrouvés à 27 au départ d’Urbès. Personne n’a été déçu ! Chacun-e a pu tester ses capacités physiques.

Retour sur l’histoire de la vallée de Thann à Urbès : La vallée de Thann à Bussang, en passant par le col du même nom, était le passage le plus fréquenté pour traverser le massif des Vosges. Le col de Bussang est le point de franchissement le plus bas du massif avant la construction des tunnels de la vallée de la Zorn près de Saverne mis en service en 1928 et celui de Ste Marie aux Mines mis en service en 1937. Les Romains ont construit une voie encore visible à Urbès près de l’étang Mahrel. Ce passage s’ouvrit au grand commerce international vers 1220. Le prince-abbé de Murbach fut autorisé par l’empereur Frédéric à lever un péage dans la vallée dont il était le seigneur. Urbès devint un lieu de passage sur la route reliant la Lorraine à l’Alsace, les pays flamands à la Suisse et à l’Italie.

L'industrie textile prit son essor au début du XIXème siècle. Il y avait, dans la première moitié du dix-neuvième siècle à Urbès, un tissage à la Jacquard et deux tissages mécaniques. Il ne subsiste aujourd’hui principalement qu’un musée à Fellering. Toute cette vallée s’est dépeuplée. Urbès est passé de 1050 habitants en 1871 à environ 400 actuellement.

Le projet du tunnel : L’attraction principale de cette journée fut le passage devant l’entrée du tunnel inachevé. L’Etat français a validé le projet en 1870, mais survint la guerre entre la France et l’Allemagne et tout a été abandonné. Après la première guerre mondiale, les projets de Saverne et Ste Marie sont validés et ensuite réalisés. Au sud on réclame un tunnel et plusieurs projets sont à l’étude dans les vallées de Masevaux et de Thann. Le projet retenu est une ligne à double voie de 8287M. Les travaux débutent en 1932. Après la faillite de l’entreprise adjudicataire des travaux, une économie en berne et un manque d’engagement politique, les travaux sont arrêtés en 1935. Les ouvrages d’art coté alsacien étaient construits. Le tunnel est percé sur 4360M mais terminé sur 1800M coté alsacien et percé 300M coté vosgien.

Le tunnel inachevé constitue une bonne cachette. Il est investi en 1943 par l'Allemagne pour ses usines d'armements. Il devient ensuite très vite un des 70 camps de concentration annexes du camp de Natzwiller-Struthof. Une usine de pièces destinées à la Luftwaffe fut installée. La main-d’œuvre était fournie par des déportés, installés dans un camp de travail à proximité, relevant administrativement du camp d’extermination de Dachau (mars à octobre 1944). Plus de 2 000 déportés, essentiellement russes et polonais, ont travaillé dans ce camp dans des conditions épouvantables. Une liste de 465 détenus juifs a été retrouvée lors du travail de recherche mené pour ce projet.

Un projet de valorisation du site a été lancé avec l’aménagement touristique du site, la création d’un sentier d’interprétation et la réalisation d’une fresque. Ce travail de mémoire est un projet pédagogique réalisé par des élèves du lycée du bâtiment de Cernay, mais aussi des terminales du lycée Scheurer-Kestner de Thann.

Le tunnel est aujourd’hui fermé et, en raison de l’extrême qualité de ses eaux d’infiltration, il sert de captage d’eau potable pour les communes environnantes.

La randonnée : Durant cette journée, nous sommes passés dans des lieux au nom évocateur :

            La cuisine du diable : Y a-t-on brulé des sorcières ? L’histoire ne le dit pas.

            Rouge Gazon : Le nom viendrait des batailles sanglantes de la Guerre de Trente ans qui s’y seraient passées ou, origine plus poétiquement, de la présence de nombreuses graminées rouges.

            Kiosque du sotré : Le sotré est un lutin originaire de Lorraine, plus précisément des Vosges.

            Col des Allemands : Une borne avec les initiales de l’Allemagne et la France y sont gravées.

            Chalet St Hubert, patron des chasseurs. La légende dit que le seigneur Hubert était si passionné de chasse qu'il en oubliait ses devoirs.

La météo clémente de cette journée a permis à l’ensemble des participants de bénéficier d’une magnifique journée d’automne.

Texte Guy

Photos : Michèle et Guy