Nous ne pouvions pas clore les festivités liées au jubilé de notre association sans revenir aux sources même de sa naissance. Comme vous le savez tous, le Club Vosgien est sorti de l’écume du temps en ce mois d’octobre de l’avant dernier siècle en 1872. Bel âge aujourd’hui pour cette confrérie née sur les rives de la Zorn et sous les pas de la licorne symbole de pureté et de blanche virginité.
Nous étions 17 à débarquer de nos voitures au pied du château des Rohan, marque éminente de la présence de ces prélats riches et influents au 17ème et 18ème siècle dans l’Alsace devenue française depuis peu. Côté parc et côté ville, l’édifice, majestueux, tout en grès local, sans être Versailles, éblouit les voyageurs fluviaux arrivés dans le port au fond du parc.
Cette entrée en matière urbaine digérée, notre objectif, ambitieux mais accepté, a été de partir à la rencontre de cinq autres châteaux perlant tout autour de l’antique Tres Tabernae.
Le Haut Barr, les deux Geroldseck ainsi que les deux Greifenstein ont serti la boucle de notre périple comme autant d’améthystes sur la bague des princes évêques de Strasbourg, propriétaires épiscopaux de ces terres aux confins de l’Alsace médiévale.
Entre ces beaux témoins, vestiges d’un passé lointain, quelques traces plus récentes se sont incrustées dans notre pérégrination. Une tour de télégraphe Chappe nous rappelle les prémices de la communication à grande distance au moyen de signaux visuels. Une charmante équipe, dévouée à l’entretien de cette merveille, nous a décrit son fonctionnement avec passion et précision.
La tour du Bortsch, édifiée en 1897, par le Vogesen Club de Zabern, en souvenir du 25ème anniversaire de l’association alors encore sous drapeau de la très jeune Allemagne, fit notre émerveillement suivant.
En ces lieux, nous n’avions pas encore atteint le mitan de notre promenade alors que le soleil, généreux et resplendissant, avait déjà bien entamé sa course vers l’occident. La descente vers la vallée de la Zorn s’est faite au pas un peu moins flâneur mais sans pour autant omettre les arrêts sur les nombreux rochers, points de vue époustouflants émaillant le sentier. Krappenfels, Zimmereck, Rappenfels ont ainsi égayé notre cheminement vers la vallée et la montée du versant opposé.
A peine remis du souffle court après l’effort, la grotte saint Vit s’offre à notre curiosité pourtant déjà bien abreuvée. Le panorama depuis le sommet nous fait revoir tous les lieux visités et remisés dans l’escarcelle à souvenirs du jour. Mais le point d’orgue de l’endroit se situait sous nos pieds. Accessible par quelques marches au milieu d’un jardin d’altitude, la grotte dédiée à saint Vit, le saint Guy en version allemande, s’ouvre sous la falaise en une belle chapelle forestière. Saint Guy est le guérisseur de la danse éponyme, une maladie infectieuse autrefois répandue et dont une épidémie strasbourgeoise est bien connue.
Après ces dévotions, nous nous arrachons à ce site magique pour tenter de fermer la boucle du jour. Mais il était écrit que nous ne devions pas être empressés ! La cohorte des châtaigniers bordant le chemin du retour, avait lâché ses bogues avant notre passage et nous n’avons pas résisté à l’image des futures crèmes de marrons, choux rouges et même lampées des derniers vins nouveaux… Nos sacs vidés de nos inutilités, se sont promptement rempli de succulents akènes.
Ainsi lestés de quelques kilogrammes de bonheur à venir et les yeux pétillants nous avons retrouvé nos automobiles sous les derniers feux du jour. La nuit nous a rattrapés bien avant l’arrivée au bercail.
Guide : Patrick
Texte : Patrick
Photos : Blanche et Patrick