Nous voilà vingt-cinq randonneurs, prêts pour une journée sans grandes difficultés (dénivelé = 320 mètres), mais avec une bonne vingtaine de kilomètres devant nous.
Après deux kilomètres de mise en jambes, nous arrivons au Dompeter. Histoires (et surtout légendes) nous attendent, devant la source Sainte-Pétronille.
Le Dompeter
Le Dompeter, « Domus Petri » (maison de Pierre) est réputée être la plus vieille église d’Alsace. C’est une Mutterkirche, une église-mère, située en pleine campagne au début du christianisme, pour servir de point de convergence et de ralliement aux divers villages des alentours.
Saint Materne, évangélisateur de l'Alsace, meurt de n'avoir pas pu convertir Argentoratum (Strasbourg). Ses compagnons de route, Valère et Euchaire cachent son corps à Ehl (Benfeld), et se rendent à Rome annoncer son décès à Pierre. Celui-ci leur remonte le moral et leur confie son bâton de pèlerin. De retour après trente jours (!) ils exhument le corps de Materne "qui exhale une suave odeur" et, en le touchant avec le bâton de Pierre, Materne ressuscite.
L'annonce du miracle entraîne de nombreuses conversions dans toute la région. Rejoint par Pétronille, la fille spirituelle de Pierre sur la route allant du mont Sainte-Odile à Saverne, Materne y édifie le Dompeter, à la limite d’Avolsheim et de Molsheim
Sources : Auguste Stoeber, Légendes d’Alsace. Michel Krempper, Légendes alsaciennes au regard de l’histoire.
Entre Avolsheim et Wolxheim, changement de paysage : c'est la Bruche, ses différents bras et son canal qui marquent l'environnement.
Le canal de la Bruche
Ancien chemin de halage, le canal est construit par Vauban. Il sert à acheminer les pierres en grès des Vosges destinées à l’édification des fortifications de Strasbourg de 1682 à 1687. Ce canal compte 11 anciennes écluses. Il est utilisé jusqu’en 1938. C’est à Wolxheim que sont installées les grandes vannes bâties par Vauban. Juste à côté, se trouve une passe à poissons.
Légère montée vers le Scharrach, en passant par N.-D. d'Altbronn et le puits d'Altbronn, marqué par un petit édifice renfermant une sculpture : Sainte-Anne enseigne à Marie comment puiser l'eau. Nous contournons Dahlenheim et arrivons vite au sommet : 314 m ! Personne ne se plaint de l'altitude et estime que ce pourrait être le moment de la pause méridienne.
La brume limite nos explorations du paysage : la cathédrale de Strasbourg, le Kronthal resteront masqués aujourd'hui.
De plus, la température n'est pas caniculaire : nous repartons assez vite...
Le Scharrach et les carrières
En descendant du Scharrach, nous passons près d’une carrière et d’un four à chaux, en activité. Avant d’arriver à Soultz-les Bains, nous sommes à proximité de la carrière royale (désaffectée) qui disposait aussi de son four à chaux dont on rencontre les ruines, sous forme d’une tour carrée.
À propos de la chaux :
La chaux est utilisée en agriculture (pour diminuer l'acidité des sols, amender les terres., elle a une fonction antiseptique et insecticide, elle allège les sols compacts. Le lait de chaux en badigeon assainit les murs et protège les arbres fruitiers en détruisant les parasites). Et dans la construction, elle a de multiples fonctions et qualités : elle est perméable à la vapeur d'eau, tout en étant imperméable à l’eau de ruissellement. Elle est un bon isolant phonique et thermique, elle assainit l'atmosphère grâce à ses vertus bactéricides et antiseptiques. Elle est souple et élastique, ce qui lui permet de s'adapter aux mouvements du bâti, inhérents à toute construction, ancienne ou moderne. Elle est aussi très résistante et vieillit bien. Elle résiste bien au feu, elle est décorative et facile à travailler.
La chaux vive est un produit dangereux. En cas de mélange de grandes quantités de chaux vive et d'eau, la chaleur dégagée est telle que l'eau peut se mettre à bouillir et projeter de la chaux, qui est alors très corrosive. Par contre, la chaux éteinte (obtenue après la réaction complète de la chaux vive avec de l'eau) est un produit-miracle !
Le sentier des casemates et le Fort de Mutzig, – Feste Kaiser Wilhelm II
Après la traversée de Soultz-les-Bains, nous montons vers le Jesselsberg, en passant à proximité du Fort de Mutzig, en empruntant une bonne partie du sentier des casemates.
La décision de construire la Feste est prise par Kaiser Wilhelm II en 1893 afin de barrer la plaine d’Alsace contre toute offensive française. Au fil des ans, la Feste s’agrandit jusqu’à avoir 22 canons lourds, 22 tourelles cuirassées reparties sur 254 ha et abritant une garnison de 7000 hommes.
Un quart de siècle de travaux (1893-1918), c’est la première fortification moderne en béton, blindage en acier (50 bâtiments équipés en électricité avec leurs générateurs autonomes.
Le champ de manœuvre s'étend autour du fort, au nord de Mutzig et sur les communes voisines de Molsheim et de Dangolsheim.
Nous remontons à travers forêts et collines sèches jusqu'à notre second sommet : 350 m. Il nous reste à descendre sur Molsheim.
Molsheim
Une histoire riche depuis le Moyen Âge, elle est la cité refuge des ordres religieux catholiques (Jésuites, Chartreux, Capucins, chanoines de la cathédrale de Strasbourg chassés par les magistrats), lors de la Réforme. C’est ainsi que la cité épiscopale devient au début du XVIIe siècle le centre de la Contre-Réforme en Basse-Alsace. Les religieux de Molsheim s’emploient à combattre la « nouvelle doctrine » par la prédication, l’enseignement et la formation de jeunes prêtres.
Notre itinéraire traverse le centre historique de Molsheim et ses principaux monuments. Arrivés devant la Metzig, le groupe s’est vite tourné vers la Bugatti "Divo", exposée dans son écrin-aquarium sur la place de l’Hôtel de Ville. 5 millions d’euros, malheureusement, les quarante exemplaires sont déjà vendus...