Matin brumeux, matin heureux ! Nos 26 amis du jour ont pris le chemin lointain du Bas-Rhin pour une randonnée en ambiance ouatée, fraiche et glissante mais dans la bonne humeur coutumière de nos sorties.
Au terme de 45 minutes d’asphalte nous avons posé nos bruyants destriers mécaniques au débouché d’un petit vallon ou niche, coincé entre Obernai la belle et Molsheim la riche, la jolie médiévale Rosheim.
Une déambulation dans les rues de cette petite cité, peu touristique, nous dévoile quelques architectures de belle facture. Nos yeux accueillent une des quatre portes marquant l’emplacement des remparts, l’église à la nef romane et à la tour gothique, les innombrables maisons à colombages sans oublier les pâtisseries confectionnant une brioche locale : le Ropfkuecha.
Cap au sud vers la colline du Bischenberg, passage devant un banc de l’impératrice (en hommage à Eugénie épouse de Napoléon le troisième), puis montée patinée vers le couvent éponyme.
Cette phase de notre journée aura été la scène d’une gracieuse danse sur glace de l’une de nos amies. Le verglas, traitre sournois, a fait perdre l’équilibre à la dame qui, sans aucun consentement, se retrouva au sol ou le sac à dos s’est transformé en luge. S’en suivi une descente chaloupée sur cet esquif improvisé ramenant notre amie au bas de la pente. Frayeurs puis sourires ont accompagné cette prestation avant l’arrivée au couvent du Bischenberg et à sa chapelle, Notre Dame des sept Douleurs, la bien nommée pour notre patineuse dorsale qui a pu enduire ses petites ecchymoses de l’eau bénite du lieu.
Rapidement après cette étape, nous traversons une prairie sèche au-dessus de Bischoffsheim puis nous filons vers l’ouest en direction de Boersch, la patrie des Spindler, père et fils, célèbres artistes de la marqueterie.
Notre déjeuner, frugal et rapide, a été pris au sortir de la bourgade où quelques bancs bienvenus ont reposé nos organismes avant d’entamer une grande boucle forestière au travers de l’Eichwald parsemé de magnifiques hêtres, chênes et autres érables. L’atmosphère vaporeuse a ajouté du mystère et de la magie dans cette nature sous-vosgienne.
Au niveau du Bildhauerhof, hameau éloigné dépendant de Rosheim, nous revenons vers l’est pour nous extraire de la forêt à peu de distance de Rosenwiller, le plus petit des villages de notre journée. Le cimetière israélite, abritant 5580 tombes, et l’église caractérise ce bourg par ailleurs réputé pour ses vignerons.
Le retour à Rosheim traverse le vignoble du Westerberg où une curieuse ruine occupe un angle entre deux chemins. Il s’agit d’un ancien site de tir pour ensemencer les nuages trop menaçants et envoyer l’orage probable vers les amis des villages voisins. Les dialectophones feront l’effort de bien prononcer le « e » initial de cette structure nommée Schieshiessel. Sans la voyelle, le terme prend évidemment un tout autre sens.
De retour aux voitures, le jour commençait sérieusement à s’endormir et la brume, fidèle, était toujours au poste.
Le guide : Patrick
Texte : Patrick
Photos : Jean (Sie), Jean Pierre, Patrick