Nous pourrions résumer notre séjour franc comtois d’un seul mot : parfait. Organisation idéale, bel hébergement, météo de rêve !!
Mais enfin pour nos amis qui n’ont pu nous accompagner, quelques détails complémentaires seront peut-être utiles.
Nous étions 14 à l’aube de ce premier jour de septembre à prendre la route vers le pays de Pasteur. Onze joyeux sociétaires colmariens et trois sympathiques compagnons munstériens. Nos guides, Denis et Guy, nous ont conviés aux premières heures de la matinée à … Grand’Combe Châteleu ! Un détour par un bon atlas a déjà été nécessaire pour situer cet endroit mystérieux.
A l’heure dite, nous étions tous au rendez-vous, chaussés, équipés, prêts et impatients de découvrir cette contrée inhabituelle pour nos semelles.
La première étape nous a menés autour du défilé de la roche à la rencontre du principal objet de notre séjour : le Doubs, musardant entre les parois calcaire et les collines verdoyantes du plateau jurassien. Rivière indécise que ce Doubs, que nous côtoyons non loin de sa source à Mouthe et qui serpente encore vers le nord-est avant de changer d’avis et de s’orienter vers le sud-ouest pour rejoindre le lit de la Saône.
Nous avons rendu visite au « sapin président », majestueux conifère multi centenaire, à l’embonpoint impressionnant, puis nos pas nous ont conduits vers la grotte-chapelle Notre Dame de Remonot, aussi bien lieu de culte que curiosité géologique, avant de revenir vers notre point de départ en goutant quelques points de vue sur la vallée du Doubs.
A l’arrivée, loin de gagner nos douches, nous avons eu l’honneur de découvrir ce qu’était une ferme dans cette contrée avec ses pièces de vie entourant le tuyé central. Le tuyé ?!!. Un passage par Wikipédia vous montrera mieux que mes faibles mots ce qu’est cette étrange cheminée. Sachez néanmoins par ma plume, qu’il n’est de saucisse de Morteau sans passage par le tuyé.
La « belle de Morteau » fut d’ailleurs au centre de notre repas vespéral, après une gargantuesque salade façon vigneronne et avant fromage puis dessert. Autant savoir qu’à ce régime, Elyane, notre fameuse hôtesse, nous a fait oublier nos courbatures et a réjoui nos panses.
Au réveil pour la deuxième étape, par nos fenêtres, nous avons surpris notre ami le Doubs, encore surmonté par les brumes de son sommeil. Mais les premiers rayons du soleil ont rapidement dissipé ces derniers restes de la nuit et dès 8h, nous voilà à nouveau équipés de pied en cap pour de nouvelles découvertes sous un ciel sans le moindre nuage.
Découvertes helvètes pour ce jour. Au saut de nos voitures nous admirons le Saut du Doubs côté français puis nous traversons la rivière et la frontière par la passerelle « Petit Jean » pour une autre plongée sur le Saut depuis la rive opposée.
Nous avons enchainé par une nouvelle poursuite des flots vers l’aval jusqu’au barrage du Châtelot. Après une sympathique grimpée dans la forêt, retour en amont avec des points de vue de toute beauté sur les méandres du fleuve devenu lac.
Nous trouvant fort bien au pays de Guillaume Tell, nous parachevons cette belle journée par une visite exceptionnelle. Seuls les Suisses pouvaient concevoir pareille mécanique ! Imaginez une grotte naturelle étagée sur 3 niveaux et s’enfonçant à 30m sous terre. A chaque étage, une roue à aube. Celle du premier niveau tourne grâce à l’eau d’un ruisseau souterrain. Elle entraine dans son mouvement roues dentées, engrenages et meules ou le grain est transformé en farine. La même eau est canalisée vers les étages inférieurs ou d’autres roues entrainent d’autres machineries qui meulent d’autres grains ou activent des scies où les sapins environnants sont réduits en poutres et planches.
L’escalier sur lequel nous descendons dans les abîmes est usé et humide, l’eau partout ruisselle, l’air est frais à 7°C toute l’année et sous nos pieds s’ouvre le cœur de la terre. C’est dans cet environnement que travaillaient meuniers et scieurs de long. Une merveille de la technique, dans un paradis géologique mais probablement un enfer humain du temps de son exploitation.
Si d’aventure vos pas vous conduisent vers Le Locle, à quelques encablures de Morteau, arrêtez-vous aux moulins souterrains du col des roches, juste derrière le poste frontière.
Après cette journée enivrante pour les mollets et les neurones, nous voilà de retour dans nos logements ou notre amie Elyane poursuit l’enivrement avec de fraiches mousses fort bienvenues avant notre diner accompagné des saillies mémorables de notre hôte.
Et nous voilà déjà à la troisième étape. Mais quelle étape !! Rendez-vous est pris Derrière-le-Mont. Hameau bien connu et que nous avons adopté. C’est ici que le soleil a souri pour la première fois aux pupilles de notre Guy. Passage devant l’école de garçons ou Guy a ânonné ses premières lectures, pèlerinage dans l’église ou l’eau a effacé les péchés qu’il n’avait pas encore commis puis ascension vers le plateau ou s’élevait la ferme familiale. Un retour aux sources pour notre franc comtois que nous avons eu la chance d’accueillir et de garder dans notre pays de vignes.
Grimpée, disais-je, mais grimpée ardue et culturelle. A chaque détour de sentier, un architecte sculpteur a décoré la nature de ses talents. De quoi oublier la pente raide en méditant les intentions de l’artiste dans ces œuvres symboles et énigmes.
Depuis le sommet, encore des vues magiques sur le pays comtois. Panorama particulièrement impressionnant pour notre casse-croute méridien.
Après la pause, retour vers Derrière-le-Mont pour la fin de nos équipées.
Mais point de fin à la légère, le programme fut encore vaste et…copieux.
Avant de chevaucher l’asphalte du retour, nous avons encore été gâtés par quatre visites d’importance. D’abord chez un artisan du bois réalisant divers objets, jouets… dans les essences indigènes. Noël approchant les idées de cadeaux sont bonnes à prendre. Puis arrêt à la boulangerie !! La boulangerie bien sûr pour déguster le gâteau local : le gâteau de ménage. Fermez les yeux, voyez une pâte briochée levée sur laquelle est versée un mélange de crème et d’œufs et vous n’aurez pas le goût de cette petite merveille. Il faut y aller pour en savoir plus. Ma plume ne peut transmettre toute la saveur.
Après la boulangerie, halte dans une fruitière où nous avons vidé les réserves de comté, morbier, bleu de Gex… Les amortisseurs de nos voitures ont été les moins heureux de cette étape.
Et pour finir direction la République du Saugeais et plus précisément, Gilley et le tuyé de papy Gaby, l’artisan charcutier, le prince de la saucisse de Morteau, le roi du jambon fumé. Revoyez le principe du tuyé de la première journée, suspendez trois tonnes de saucisses en son centre et vous aurez le fumoir de papy Gaby à Gilley.
Après tous ces bonheurs, la route étant encore longue il nous fallait définitivement clore ce séjour.
Un grand merci à tous les participants pour leur bonne humeur merci particulier à Anne, Yasmine et Frédéric nos trois amis de Munster que nous espérons revoir lors de prochaines randonnées.
Et je ne peux conclure ce compte rendu sans remerciements majuscules à Denis et Guy pour leur organisation sans faille. Si c’était une discipline olympique, la médaille d’or ne pouvait pas leur échapper.
Guides : Guy et Denis
Photos : Anne, Michèle, Denis, Jean
Texte : Patrick