Nous étions 27 randonneurs à participer à cette randonnée dans la haute vallée de la Bruche et plus spécialement dans l'ancienne seigneurie puis comté du Ban de la Roche, qui comprenait les villages de Rothau, Neuviller-la-Roche, Wildersbach, Solbach, Waldersbach, Belmont, Bellefosse et Fouday, et était situé sur le versant ouest du Champ du Feu.
Son siège administratif était le Château de la Roche, situé à une altitude de 820m et édifié au XIIe siècle. Ce château appartint successivement aux Seigneurs de la Roche, aux Ribeaupierre, aux Giesberg et aux Rathsamhausen. La seigneurie, après avoir été confiée à différents personnages par Louis XIV, fut achetée en 1711 par la famille de Dietrich qui la garda jusqu'à la Révolution.
Ban de la Roche était également le nom d'une commune éphémère créée en 1974, en associant les villages de Fouday, Belmont, Waldersbach et Bellefosse. Ces villages sont redevenus indépendants en 1992.
Nous sommes ici en Pays Welche qui s'étend sur l'extrême sud-ouest du Bas-Rhin et le Nord-ouest du Haut-Rhin, on y parle un patois roman d'origine gallo-romaine, variante vosgienne du lorrain.
Autre fait historique, par le Traité de Francfort, le Bas-Rhin est agrandi en 1870 d'une partie des cantons de Schirmeck et de Saales soustraits au département des Vosges. Cette extension du Bas-Rhin porte sur la haute vallée de la Bruche située sur le versant alsacien, mais aussi sur la haute vallée de Plaine. La frontière déborde la ligne des crêtes pour englober le col stratégique du Donon et les belles forêts domaniales du versant ouest.
Notre randonnée nous mène à travers Bellefosse, village dominé par les ruines du château de la Roche. C'est dans ce village que naquit en novembre1763,
Louise Scheppler, conductrice de la tendre enfance et collaboratrice du pasteur Oberlin. Elle permit par son action éducative persévérante et avisée, l'épanouissement des premières écoles maternelles.
Prochaine étape, le village de Waldersbach, commune de 150 habitants, d'une superficie de 3.37km². Ce village de la vallée de la Chirgoutte est cité pour la première fois en 1489.
C'est là que vécut Jean-Frédéric Oberlin, pasteur du Ban de la Roche (1740-1826). Il a œuvré tour sa vie pour le bien de ses paroissiens, autant sur le plan de l'économie que sur celui de la morale et de l'instruction. Il a contribué à modifier l'économie par la révolution agricole, la construction de routes , la création de l'artisanat, le tissage du coton et l'implantation de l'industrie textile. Il a mis en œuvre des instituts de préscolarisation avec un encadrement féminin qualifié.
Pour ces diverses activités les autorités françaises lui décernèrent la légion d'honneur en 1819. Une Université et trois villes portent son nom aux Etats-Unis.
Nous arrivons ensuite au col de la Perheux déjà connu au moyen-âge et lieu de rencontre et d'extermination des sorcières. Le 9 mai 1786, y fut exécuté François Fehlrad, bandit, natif de Muhlbach près de Munster. Les gardes nationaux, formés en 1790, y faisaient leurs exercices et y célébrèrent la fête de la Fédération le 14 juillet autour le l'autel de la Patrie dressé par la pasteur Oberlin, qui y aurait aussi tenu les cultes au moment de la terreur.
Nous terminons notre randonnée par la traversée du Champ du Feu. Ce massif, qui culmine entre 1000 et 1100m, est le plus élevé des Vosges septentrionales. Il se présente comme une large et longue crête au paysage ouvert s'étirant sur 7 km depuis la Rothlach jusqu'au col de la Charbonnière. Cité pour la première fois en 1393, on le nomme Viehweide et Viehfeld (pâturage). Les habitants de la haute vallée de la Bruche ont repris phonétiquement le Fé pour Vieh, de là champ du Fé puis champ du Feu.
Jean-Paul