Nous partîmes 20 du petit village de montagne de La Vancelle de 427 habitants, blotti sur le versant sud du massif qui sépare le val de Lièpvre et le val de Villé. Le village est cité pour la première fois dans une charte de Charlemagne de l’année 774 sous le nom de Bobolino Cella, accordant la terre à l’abbé FULRAD qui avait fondé un monastère. Le mot « Vanzell » vient du nom de « Zell » qui évoque une cellule de moines (du latin « cella »). Les habitants de la Vancelle sont surnommés « Cocattes », terme qui désigne la pomme de pin en patois roman. Ce surnom leur a été attribué parce que les habitants utilisaient jadis des pommes de pin pour se chauffer. En passant devant la MJC , nous montons derrière l’église vers le massif de l’Altenberg à l’est et qui nous mène au château du Frankenbourg.
Ce château a été construit sur un site plus ancien, comme en témoignent la présence d’un mur «païen» avec les mêmes techniques (mortaises et tenons en forme de queue d’aronde) que pour le «mur païen» du Mont St Odile et des traces celtique et romain. Sur le sommet du Schlossberg fut construit le château de Frankenbourg sur un ancien castel romain. Le château est mentionné officiellement pour la 1ère fois en 1123 à travers une charte de l’empereur Henri V.
A partir du col du Frankenbourg ou Schossplatz nous continuons sur le versant nord vers la Stangenplatz, puis la route forestière des rondes roches. Tout au long du parcours on est accompagné par des roches impressionnantes (qui font penser au Taennchel) et qui ont des noms un peu mystérieux (sans doute entouré de légendes), issues d’une géologie spécifique à la région (grès rose, conglomérats, poudingue).
Nous tirons le repas du sac au sommet de la roche des fées, site de légendes de Charlemagne. La roche des fées a fait dire à certains que ce lieu est privilégié, car l'addition des trois chiffres (777 m) donne le nombre de 21, qui peut être réduit à trois, le nombre de la Trinité. Cet endroit est souvent noyé dans la brume et lorsqu'il fait beau, on a une belle vue sur le fond de la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines, sur Breitenau, Villé, le Taennchel, le col de Fouchy, le Brézouard et le Climont. L'endroit est aussi réputé comme un haut lieu vibratoire. D'après la légende, les couples stériles se rendaient à cette place dans le ferme espoir de guérir de leur stérilité.
Sur le retour la découverte de nombreux champignons fit découvrir l’âme de mycologues en herbe chez certains randonneurs…Nous nous dirigeons sur la chapelle dite du «Bonhomme», cette désignation visant en l'occurrence saint Déodat ou saint-Dié. Un peu plus loin jaillit une source dite miraculeuse, baptisée du nom du saint, aujourd'hui captée.
Nous montons à la roche du cheval tombé, énorme rocher qui doit son nom à un accident survenu à cet endroit. Un certain Schramm de Lièpvre probablement débardeur chargeait du bois sur le plateau. Un de ses chevaux de trait s'emballa, s'enfuit et tomba du rocher au pied duquel il s'écrasa.
Nous croisons des bornes de Breitenau, nombreuses et fort intéressantes car d'époque différentes. Nous continuons sur le GR532 pour arriver au rocher de la Salière, une curiosité naturelle dominant la vallée de la Chapelle, un gros rocher de poudingue en équilibre sur une base très étroite ainsi nommé à cause de sa forme et qui ressemble au Rocher du Calice situé près du Grand Rommelstein dans la région d'Abreschwiller en Moselle.
Nous descendons sur la place des charpentiers et nous dirigeons vers le Chalmont, région qui servait de cachettes aux nombreux fugitifs et incorporés de forces voulant se soustraire à l’armée allemande.
Nous terminons la descente au carrefour Nord de Chalmont par les sources de La Vancelle en passant devant un apiculteur. La brume s’installe, mais nous avons vu la mer de nuages au sommet du Frankenbourg et à la roche des fées. Dans une ambiance de mission accomplie nous regagnons nos chauffeurs, fatigués mais imprégnés d’images de nature belle et forte.