Sortie à résonnance particulière pour le guide … déjà joué en solo pour satisfaire aux exigences de l’apprentissage du métier, il s’agissait aujourd’hui d’orchestrer l’exercice pour l’ensemble des phalanges du philharmonique. Cordes, bois, cuivres et percussions ont répondu à cet appel, vingt-trois instruments se sont accordés sur le la du haut val.
Village sympathique, le Hohwald, commune jeune créée en 1867, s’est quelque peu endormie après les fastes du début du siècle dernier. Notre escapade a démarré comme l’ouverture d’un opéra. Les bâtons scandant le rythme sur l’asphalte de la rue principale. Derrière les croisées du Grand Hôtel, nous imaginions les anciennes célébrités en villégiature, réveillées mais admiratives pour nos timbales enfiévrées.
Sans oublier un hommage appuyé à Adélaïde Hautval, figure éminente et incontournable des lieux, notre équipée nous mena rapidement à la cascade de l’Andlau où les cors déchainés n’ont pas pu couvrir le tintamarre de la cataracte liquide dévalant la montagne.
Après cette ouverture magistrale, le deuxième mouvement, adagio lento intenso, fut un défi pour les bois. Flutes et hautbois, au souffle de plus en plus court dans la pente raide traversant une belle hêtraie, chantaient l’hymne de la montagne jusqu’à la Chaume des Veaux où s’élevait, jadis, une ferme transformée en auberge aujourd’hui close pour retraite comme noté sur la partition affichée sur l’ancienne porte d’entrée. Après un passage à la frontière du Hohwald et de Breitenbach, quelques derniers arpèges de ce mouvement ascendant nous poussent vers le sommet de l’œuvre figuré par la tour du Champ du Feu, vestige témoin du vingt cinquième anniversaire du Club Vosgien en 1897. Bel exemple pour de futures commémorations !!
Intermezzo mérité sur les prairies sommitales pour notre pause tirée du sac. Le chant du feu aurait pu marquer cette étape si de premiers nuages n’avaient envisagé de modifier quelques changements de cadence.
Malgré l’herbe tendre invitant à la nonchalance digestive, nous repartons pour le troisième mouvement, andante fluido. Nos pas foulent un tapis d’humus et les cordes nous accompagnent vers un merveilleux sentier de crête louvoyant dans une végétation luxuriante. Tous les pupitres ont eu leur temps fort dans ce mouvement. Les harpes sous la crête des myrtilles pour nous indiquer la source ruisselante de l’Andlau, les contrebasses pour nous rappeler la présence disparue d’une ferme ancestrale vaincue par le temps, altos et violons sonnant l’approche de la Rothlach, autre ferme sur une chaume, transformée en auberge encore en activité mais au repos ce mercredi.
Les nuages de l’entracte ont décidé d’ouvrir leurs écoutilles, belle introduction pour le dernier mouvement, allegro vivace. Capes, parapluies, couvre sacs sortis de leurs antres, nous partons, presto, par le chemin des bornes vers le Neuntelstein, paradis des grimpeurs sportifs et bel endroit pour admirer les paysages. Admiration réduite aujourd’hui, par des nuées capricieuses couvrant de leur voile plaine et forêt noire.
Aucune averse ne pouvant réduire notre plaisir du jour nous entreprenons, avec tout l’orchestre, la descente vertigineuse vers le Hohwald.
Descente entre les essences variées, enjambant ruisseaux et sentes de traverse au son des oiseaux joyeux sous la bruine rafraichissante.
Après dix-huit kilomètres et un peu moins de six cents mètres de pente, les dernières mesures de cette symphonie ont résonné à l’arrivée sous un soleil qui, timidement, tentait de percer la belle couverture grise étalée sur le Grand Hôtel.
Grand merci à l’ensemble des musiciens qui ont tous magnifiquement joué cette partition.
Le guide : Patrick
Texte : Patrick
Photos : Michèle